28.8.08

Rêveries

Il est fascinant de constater combien les rêves ne fascinent plus, en regard du passé humain. Les spiritualités chamaniques en faisaient grand cas, les religions antiques également. Ancien et Nouveau Testament en sont parsemés. Grégoire le Grand crut bon interdire l’oniromancie et ne reconnaître que les rêves d’origine divine. Freud fut finalement le dernier aboutissement de cette fascination multimillénaire et malgré ses prétentions scientifiques, la psychanalyse conserva au rêve sa fonction centrale de dévoilement d’une vérité cachée, en l’occurrence refoulée et travestie (« L'interprétation des rêves est, en réalité, la voie royale de la connaissance de l'inconscient, la base la plus sûre de nos recherches, et c'est l'étude des rêves, plus qu'aucune autre, qui vous convaincra de la valeur de la psychanalyse et vous formera à sa pratique. Quand on me demande comment on peut devenir psychanalyste, je réponds : par l'étude de ses propres rêves », écrit Freud in Cinq leçons sur la psychanalyse, 3e leçon, 1904). Nous savons maintenant que tous les animaux à sang chaud connaissent un sommeil paradoxal, que l’activité cérébrale y est intense, que le « rêve » humain s’inscrit dans ce cadre évolutif, que sa fonction neurodéveloppementale est probablement un tri des informations reçues pendant l’éveil et une consolidation des données pertinentes. S’il stimule encore la curiosité scientifique, s’il étonne toujours le rêveur à son réveil, le songe n’a plus aucune dimension magique, spirituelle, mystérieuse ou profonde, en dehors de quelques superstitions individuelles. Voilà après tout une définition de la modernité comme une autre : la première époque qui ne croit plus en ses rêves, qui ne leur attribue aucune valeur particulière, aucun sens décisif.

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