15.8.08

Physique naïve, éthique naïve

Les philosophes, chercheurs ou épistémologues distinguent souvent les approches « naïves » et « savantes » dans nos expériences de pensée. Par exemple, nous possédons tous une « physique naïve » nous disant que le verre d’eau renversé sur la table risque de provoquer un écoulement sur notre pantalon et nous poussant à nous lever précipitamment. Inutile de s’y connaître en mécanique des fluides, inutile même de savoir que 2 et 2 font 4. De même, quand nous jouons au ballon, nous intégrons « naïvement » les lois du mouvement ou de la gravité. Si cette physique naïve fonctionne assez bien dans la plupart de nos expériences de vie courante, du moins chez le sujet normal, elle est bien plus souvent prise en défaut lorsqu’elle est confrontée à des conclusions de la physique « savante ». Soit nous n’avons aucune idée de ces conclusions (par exemple que le zéro absolu est à -273,15°C), soit ces conclusions nous paraissent contre-intuitives (par exemple que l’eau ne fusionne pas forcément à 0°C). Il existe pareillement une « biologie naïve », une « psychologie naïve », quelques rudiments de « mathématiques naïves ». Il en ressort que dans ces domaines cognitifs, la science affine nos intuitions de sens commun, ou bien les contredit. Et si nous sommes contredits, nous l’acceptons généralement une fois que nous avons reçu la bonne explication. On pourrait imaginer qu’il en va ainsi dans d’autres domaines. Par exemple, qu’il existe une « éthique naïve », formée par nos intuitions morales de sens commun, mais que cette éthique pourrait fort bien être soit expliquée, soit mise en défaut par une « éthique savante ». Or, cela ne fonctionne plus : nous ne sommes guère disposés à penser qu’un tiers pourrait décréter la valeur de nos propositions éthiques comme il peut le faire de nos propositions physiques. C’est admettre que notre éthique n’est ni vraie, ni fausse, ni exacte ni inexacte, qu’elle est imperméable à l’explication.

5 commentaires:

Vince a dit…

une petite remarque : dans le cas des mathématiques, le langage utilisé emprunte parfois les traces de la métaphysique, ce qui est amusant...

un exemple :

soit f(x) = exp(x), la limite de f(x) quand x "tend vers l'infini" est égale à "+ l'infini" (et ce n'est pas moi qui le dit).

je me demande : les analystes de la société générale avaient-ils été avertis de cela ? ;)

sur la naïveté : une notion très relative (c'est mon avis)

C. a dit…

Oui. En un sens, on peut même dire que les mathématiques sont tout entières une métaphysique. Mais la démonstration fait à mon avis la différence avec les spéculations que l'on entend habituellement par "métaphysique".

Anonyme a dit…

De ce point de vue, il n'y a pas de différence. Le scientifique dans son labo, n'est pas prêt à remettre en question son travail devant le premier péquin venu.
La vraie question est celle de
l'autorité.

Anonyme a dit…

On vient de me recommander ce documentaire que je n'ai pas encore vu. Il a l'air couvert de prix.

What the Bleep Do We Know!?

Anonyme a dit…

Ce documentaire est assez mauvais, si ce n'est très mauvais.