19.8.08

« Les phénomènes sociologiques sont de la vie...»

Marcel Mauss déclarait en 1924 à un parterre de psychologues : « D’abord, il n’y a de société qu’entre vivants. Les phénomènes sociologiques sont de la vie. Donc, la sociologie n’est qu’une partie de la biologie tout comme la psychologie, car vous et nous n’avons affaire qu’à des hommes en chair et en os, vivant ou ayant vécu. Ensuite, la sociologie comme la psychologie humaine est une partie de cette partie de la biologie qu’est l’anthropologie, c’est-à-dire le total des sciences qui considère l’homme comme être vivant, conscient et sociable » (Rapports réels et pratiques de la psychologie et de la sociologie, in Sociologie et anthropologie, PUF, 1991, 285). Cette inclusion des sciences de l’esprit et de la société dans une science de l’homme, elle-même partie d’une science de la vie n’a jamais eu la pacifique simplicité que lui prêtait Mauss. Et il le savait puisque son oncle, Émile Durkheim, avait extrait la sociologie française du milieu naturaliste, vitaliste ou organiciste qui était le sien (et aussi celui de Durkheim dans ses premiers écrits, d’ailleurs). L’étrange illusion d'une indépendance des faits sociaux par rapport aux faits biologiques et psychologiques s’efface peu à peu, non sans résistances qui sont essentiellement d’ordre idéologique ou moral.

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