24.8.08

Bon, beau, vrai

Le bon et le mauvais, le beau et le laid, le vrai et le faux : l’esprit mystique pense que tout est confondu, que le bon est nécessairement vrai et beau. Rien n’indique cette nécessité dans le monde : on doit supposer qu’elle n’existe que dans certains cerveaux, certaines visions du monde. Le mystique croit généralement que cette vision fait de lui un élu, il voit ce que personne d’autres ne voit, il en accorde le don à une puissance surnaturelle au lieu d’y voir le produit de son esprit. Pour ceux qui séparent ces propriétés, il y a le type moral (primauté au bon sur le vrai et le beau), le type esthète (primauté au beau), le type logique (primauté au vrai). Impossible de m’entendre avec le type moral : il m’indispose très vite, tout chez lui respire la contrariété, la pesanteur, l’acrimonie, le ressentiment, la femelle inquiète ou le mâle sourcilleux, les éléments les plus ennuyeux ou les plus venimeux de l’espèce humaine.

9 commentaires:

Vince a dit…

monsieur Muller, quelque chose me titille les neurones concernant cet article : vous parlez du "bon" et du "mauvais", mais ces termes font référence au "bien" et au "mal", n'est-ce pas ? des notions parfois suspectes et faisant référence à la morale en général, non ?

C. a dit…

Oui, c'est même plus précisément le bien et le mal que j'ai en tête, comme généralisation du bon et du mauvais (ce que je trouve bon > ce qui est le bien). Le type moral est celui dont les jugements se font d'abord par ce prisme bien/mal.

Vince a dit…

je me permets de préciser ma pensée pour éviter tout malentendu :

le "bien" et le "mal" ne sont à mon avis que des représentations.

la vie de Machiavel en est un exemple : emprisonné puis torturé au début de sa vie, il a participé à la création de l'Italie d'aujourd'hui. Et quelle a été sa récompense ? Aujourd'hui encore, Machiavel est considéré dans l'imaginaire collectif comme quelqu'un de "mauvais" (sic).

je ne sais pas ce qu'est le "bien" ou le "mal", en revanche les joies sont réelles et identifiables, les souffrances aussi. si je devais donner ma définition du bien, cela serait l'élimination les souffrances... ce à quoi je vous rejoins concernant la génétique : l'un des freins de la recherche est justement liée à la représentation "mauvaise" de la génétique, qui pourtant permettrait - grâce aux cellules souches - de réduire la souffrance de certaines personnes.

(je sais, c'est un peu long pour une "précision" ;)

C. a dit…

Oui, le joie, la tristesse, ce sont par exemple des catégories de Spinoza dans son Ethique. Et oui, Machiavel a mauvaise réputation (infondée d'ailleurs au regard de son oeuvre, qui n'est pas "machiavélique" au sens moderne) pour avoir brisé une sorte d'omerta sur les ressorts réels des actions humaines.

Que l'homme cherche ce qui lui est bon ne me dérange pas, au contraire. C'est le bon transformé en système, où se tient la morale, qui m'indispose. En fait, parce que le bon est ce qui transforme le plus facilement en système, c'est la pente naturelle d'en faire cela, comme les singes le font déjà.

Pour vous répondre plus précisément, je serai d'accord sur une définition négative d'absence de souffrance comme chose aisément identifiable. Et bien sûr désirable comme tel, sauf quelques doctrines religieuses ayant la haine du corps et cherchant dans la douleur une justification métaphysique. (Ce qui n'empêche pas celui qui veut la douleur de la chercher, notez bien.)

Anonyme a dit…

Est-ce que c'est le mal, la photo de cette femme, qui a du faire quoi? Une manifestation pour la paix à tout casser, dressé une pancarte.

Cette femme sans doute violée, torturée, dont l'autre photo, montre sa tête sectionnée par une balle.

Je ne sais pas si le mal existe, mais faire mal oui.

Anonyme a dit…

Pensaient-ils faire le bien? Très certainement ou ont-ils eu un doute?

C. a dit…

(Exécution sommaire, SS) Le problème est un peu le même dans les deux cas. Il n'est pas tant d'observer que nous trouvons cela mal, que de se demander si la proposition [Le soldat exécute l'individu au nom d'une vision du bien] est vraie ou fausse, et ce que cela implique.

Anonyme a dit…

Oui, les SS ou ces soldats chinois étaient convaincus de faire le bien, de sauver le monde, d'être des élus. Pas besoin d'être mystique pour penser être un élu, y a qu'à regarder en politique...

J'ai marqué ceci dans mon blog sur le mal:

Comment jugeons nous le CHIMPANZÉ qui se nourrit des bébés des singes d'autres races que la sienne, de la mère aussi s'il a encore faim, dévore ses congénères venant d'une autre tribu, femelle, enfant ou mâle s'ils ont le malheur de dépasser la frontière de territoire, ou lorsqu'il décide de les attaquer, les chimpanzés passant une grande partie de leur temps à se faire la guerre d'un clan à l'autre, massacrant alors tous les enfants en bas âge, afin de rendre les femelles à nouveau sexuellement fertiles pour eux?

Comment les jugeons-nous, ces tueurs, violeurs pédophiles et incestueux?

Comment jugeons-nous nos congénères dont 99% des 3 milliards de paires de bases formant notre double hélice d'ADN sont identiques à notre ADN?

Pensons-nous que le chimpanzé est une race monstrueuse qui mérite la damnation éternelle et les flammes de l'enfer?

Ou pensons-nous que c'est une race sympathique au prise avec des pulsions incontrôlables lorsque livrée à elle-même dans la nature?

Anonyme a dit…

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C'est pas possible, ça ! C'est la souffrance partout ! Le crime ! La laideur ! La puanteur ! Pire, la duplicité !

Je n'en peux plus ! C'est pas possible ! Il doit exister un monde meilleur ! Autrement ça n'a pas de sens, tout cette horreur.

J'en ai marre, moi.

Allez ! Tiens ! Je me fais boudhiste et je me réincarne en marguerite !

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