12.8.08

Montre-moi ton cerveau, je te dirai qui tu es

Quels sont les liens entre nos traits de personnalité et nos configurations cérébrales ? Cette question est souvent posée, mais rarement analysée chez le sujet normal : la plupart des travaux concernent des pathologies. Une équipe de chercheurs allemands s’est intéressée aux récepteurs opioïdes du cerveau chez 23 individus sains et volontaires. Ceux-ci ont d’abord rempli un questionnaire standardisé (le modèle biosocial de Cloninger), qui évalue quatre traits : recherche de nouveauté, évitement du danger, dépendance à la récompense, persistance (persévérance). Leur cerveau a ensuite été examiné.

Habituellement, les observations en neuro-imagerie se font lorsque le sujet reçoit un stimulus ou accomplit une tâche. Les neurobiologistes ont utilisé ici une technique différente : les sujets se sont vus administrer un radioligand (18-F-fluoroéthyl-diprénorphine) qui s’insère dans le système des récepteurs opioïdergiques et permet de mesurer leur potentiel de liaison. Une tomographie par émission de positrons (TEP) a ainsi révélé la circulation interne des neurotransmetteurs en condition normale. Résultat : la dépendance à la récompense est corrélée au potentiel de liaison opioïdergique observé dans les régions du striatum ventral et du noyau accumbens. Ce trait est souvent observé chez les personnes souffrant d’addiction, mais ce n’était pas le cas pour les sujets de l'étude, y compris ceux dont la dépendance à la récompense est la plus marquée psychologiquement et neurologiquement. Du moins... pas encore !

Comme le remarque Mathias Schreckenberger, premier auteur du papier, « comprendre le rôle central des processus de neurotransmission dans certaines structures du cerveau pour l’expression des traits psychologiques définissant la personnalité fera une grande différence dans l’avenir de la médecine ». Et son collègue et co-auteur Gerhard Gründer ajoute : « L’un des aspects les plus intéressants de ce travail est de montrer que la TEP est capable de détecter de subtiles différences biochimiques dans le cerveau des personnes en bonne santé, différences qui peuvent être responsables en dernier ressort de ce que nous appelons la personnalité. Cela a des implications vertigineuses – pas seulement pour choisir les meilleurs traitements individuels, mais aussi pour les débats sur le libre-arbitre ».

Référence :
Schreckenberger M. et al. (2008), Opioid receptor PET reveals the psychobiologic correlates of reward processing, Journal of Nuclear Medicine, 49, 1257-1261, doi: 10.2967/jnumed.108.050849

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