11.8.08

La lutte pour la surexistence (3)

Une erreur des pensées organicistes, naturalistes ou innéistes a été de croire que le déterminant ultime du cours des affaires humaines, dans la vie individuelle ou collective, s’inscrit dans le seul corps, la seule nature, la seule biologie. L’erreur symétrique et plus fondamentale encore des pensées culturalistes, artificialistes et environnementalistes, cela fut d’ignorer ce corps, cette nature et cette biologie, donc de développer une métaphysique fausse de l’esprit ou un matérialisme incomplet, limité au seul milieu de croissance de l’animal humain. L’évolution n’est justement compréhensible qu’au point de fusion de la nature et de ses soi-disant contraires (la culture, l’histoire, l’artifice, la société, le milieu), dans le jeu d’action et de rétroaction liant ces deux éléments, notamment à travers le cerveau. La lutte pour la surexistence tire son origine dans ce fait : la nature humaine projette le rapport de soi à soi, de soi aux autres et de soi au monde dans la construction d’un monde matériel et symbolique qui en reflète le creux comme le plein, le manque comme le comble, le déficit comme l’excédent. La transformation permanente de ce monde matériel et symbolique tient à ce qu’il y est toujours possible d’y ajouter une part de soi ou d’y capter une part des autres ou d’y insérer une part du monde. L’existence humaine est expectative et perspective de ces parts supplémentaires – elle devient toujours surexistence, déplacement de son point d’équilibre, déploiement de ses potentialités d'exister autrement.

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