26.8.08

La vérité sans révélation ni soumission

De la proposition « la science est la discipline qui énonce des propositions vraies / vérifiables », on a tendance à déduire une sorte de devoir vis-à-vis des propositions scientifiques dans nos actions individuelles ou collectives : il faudrait admettre leur vérité, mais encore s’y soumettre. Un tel devoir n’est cependant inscrit nulle part dans la science elle-même, c’est une position morale. Elle est issue d’une mentalité religieuse qui prétendait elle aussi détenir la vérité (révélée, et non démontrée), et faisait en même temps de ce discours vrai un instrument de domination sur les corps et les esprits. Mais le chercheur n’est pas le prêtre, la science n’est pas une église. « Tout est bon », disait Feyerabend en défense de l’anarchisme épistémologique : les hommes peuvent tout à fait vivre et penser dans l’erreur si cette erreur leur est plaisante, voire salutaire ; et même d’un point de vue scientifique, les hypothèses ou conjectures les plus farfelues gagnent à être considérées et testées. Je considère pour ma part que la connaissance scientifique est bénéfique aux groupes humains qui la produisent et l’utilisent ensuite à travers l’innovation technologique, et qu’elle jouit d’une sélection socio-culturelle favorable dans l’histoire, les pensées logiques gagnant lentement du terrain au détriment des pensées magiques dès lors que la survie et la reproduction en sont dépendantes. Mais j’accepte volontiers, et en un sens je souhaite, que d’autres groupes humains produisent et utilisent d’autres discours.

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