14.9.08

Vers une athéologie politique

Ni la liberté ni l’égalité ne sont naturelles pour l’homme, raison pour laquelle ce sont des « idéaux » ou des « valeurs ». Ceux qui défendent ces idéaux estiment qu’ils sont valables pour tous les hommes, ce qui n’est pas le cas : nous savons bien que le désir de liberté et le désir d’égalité ne sont pas également présents chez les individus, en raison de dispositions psychologiques divergentes. Par ailleurs, un système où l’on maximise la liberté des agents et un autre où l’on maximise leur égalité ne sont pas compatibles, puisque la réalisation de l’égalité exige toujours des contraintes. On peut réfléchir à un seul système visant à équilibrer ces deux tendances contradictoires, ce qu’a fait Rawls par exemple sur le plan théorique, et ce que produit l’alternance politique droite-gauche (en sus d’autres divergences d’idéaux). On peut aussi se dire que rien n’oblige les humains à chercher un tel système unique, et qu’il serait préférable de les laisser développer des modes de co-existence conformes à leurs désirs. Ce qui nous en empêche, c’est notamment la « théologie politique » (C. Schmitt), c’est-à-dire le fait que l’État moderne a sécularisé l’ancien idéal ecclésial d’une organisation unitaire et autoritaire des affaires humaines. Les progrès de l’individualisation, de la différenciation et de la rationalisation devraient nous détacher de cette vision périmée.

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