26.9.08

Personnalités migratoires

Depuis qu’Homo sapiens, et avant lui Homo erectus, a progressivement quitté l’Afrique pour conquérir le vaste monde, la migration est un élément-clé de la dynamique et de la structure des populations. Si l’agriculture et l’élevage ont sédentarisé les individus, la vie moderne est redevenue bien plus mobile. Mais qui se déplace au juste ? Markus Jokela et ses collègues (département de psychologie, Université d’Helsinki) ont analysé le profil des migrants sur une population de 1733 Finlandais âgés de 15 à 30 ans, selon un critère rarement pris en compte : la personnalité. Ils ont choisi les trois dimensions du modèle Buss-Plomin : émotivité, socialité, activité. Une socialité élevée se traduit par la recherche du contact des autres plutôt que de la vie solitaire ; l’émotivité se signale par une sensibilité aux émotions négatives, particulièrement la peur et la colère ; l’activité se manifeste par un comportement déterminé et énergique dans les affaires courantes de l’existence. Il en résulte que la socialité est associée à la migration vers des zones urbaines et sur des longues distances ; l’activité à une propension migratoire vers toutes les zones, urbaines ou rurales ; l’émotivité au fait de quitter son lieu de résidence (surtout à la campagne), mais sur de faibles distances. « Cette autosélection liée au tempérament peut modifier les structures de population et, sur le long terme, les variations génétiques liées aux différences de tempérament peuvent se distribuer différentiellement selon les régions géographiques », observent notamment les auteurs. On notera cependant que l’utilité (recherche de ressources) reste le premier facteur de mobilité, ce qui assure probablement un brassage des types de personnalité.

Référence :
Jokela M. et al. (2008), Temperament and migration patterns in Finland, Psychological Science, 19, 9, 831-37.

(Merci à Markus Jokela de m’avoir envoyé son papier).

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