26.9.08

Julia Kristeva, l'impénétrable pouvoir du vide quantique

La French Theory n’est pas morte, Julia Kristeva non plus : Libération nous le rappelle ce matin, dans un condensé de haute volée dont le prétexte est Sarah Palin, colistière de McCain et usine à fantasmes. Quelques morceaux choisis.

« C’est dire que le symptôme Sarah Palin et autres passages à l’acte au féminin, qui signent le malaise actuel de civilisation, relèvent moins d’une virtuelle «essence féminine» que d’une crise hystérique destructrice sous son masque salutaire. Avec ses dérives borderline de toute-puissance maternelle, sexuelle et divine, une telle posture défigure l’expérience complexe de la maternité, qu’elle fige dans l’impénétrable pouvoir de la matrone phallique, fantasmée comme prothèse des mâles défaillants et châtrés. Mais elle est choisie, encouragée et valorisée pour faire contrepoids aux molles techniques des politiciens, pour colmater les trous du nihilisme ambiant. C’est «ça» qui séduit hommes et femmes en manque de repères : faudrait-il y voir une logique profonde de l’humaine condition ? Aucun «droit de l’homme» en tout cas ne se risque à affronter tel quel cet explosif secret. (…)
Pour cela même, et bien que le krach financier puisse minorer - sans l’éradiquer - le trouble causé par le phénomène Palin, les Etats-Unis d’Amérique remettent les enjeux historiques au carrefour redoutable de la politique et de la religion. Maintenir la séparation de ces deux univers, tout en interrogeant leur voisinage et leurs interférences : tel est le défi de notre temps. Avec la femme, terre promise à ce croisement, nous sommes donc au cœur d’une autre actualité : bénéfices et limites de la sécularisation. (…)
Avant de devenir «positive», et sans être forcément «négative», la laïcité à la française n’est-elle pas le terrain propice sur lequel les sciences humaines, la psychanalyse, la pensée féministe elle-même, et bien sûr les arts et les lettres, par leur insolence fabuleuse, peuvent reconnaître et explorer l’emprise rassurante du besoin de croire aussi bien que l’attrait libérateur du désir de savoir ? (…)
Attentif à ses antécédents grecs et à la fondation juive, l’humanisme a longuement dénié ses liens conflictuels avec la tradition chrétienne. Pour que le retour de ce refoulé ne se verrouille pas en libéralisme intégriste sur la place politique, pour qu’il ne se crispe pas en fondamentalisme réactif dans les comportements des hommes et des femmes, une nouvelle attitude est désormais nécessaire : il s’agit de reconnaître ce que nous devons aux continents religieux, à leur philosophie, à leur morale, à leur esthétique. Notre rupture en est l’héritière rebelle, mais avec devoir d’anamnèse. Aucune autre tradition n’a engendré cette liberté inouïe dont se réclament les lumières européennes et les droits de l’homme. (…)
Exemples ? Loi (biblique) et amour (christique) à la place des «deals» techniques et des oukazes meurtriers : le besoin diffus de spiritualité les réclame. Révolution baroque des sens et des langages annonciatrice des lumières, contre le refoulement puritain et sa jumelle, l’industrie du hard-sex. (…)

Il me manque décidément des gènes féministes, des neurones postmodernes et des protéines psychanalytiques : je ne puis comprendre comment un tel charabia peut être confondu avec une pensée. Cette manière de sauter d’une problématique à l’autre en subsumant des liens profonds, de débiter à rythme soutenu approximations oiseuses, suggestions hasardeuses et intuitions verbeuses, d’éviter soigneusement la précision tranchante de l’analyse pour surfer sur les contours flous et mous de l’opinion, de chercher la déconstruction rhétorique en lieu et place de la démonstration empirique, d’aligner ses inspirations du moment comme autant de généralités définitives sur le sens de l’histoire et le destin de l'humain… à peu près tout m’indispose ici.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

On doit partager quelques gènes alors, parce que moi aussi, cette non-pensée, approximative et verbeuse, m'écoeure.

PS a dit…

le refoulement puritain et sa jumelle, l’industrie du hard-sex

ok, j'ai lolé

C. a dit…

(Peggy) Oui, dans la série "mes très chers frères, entonnons en choeur nos poncifs sur ce bas-monde", cela se pose là.

lilith a dit…

quand je lis ces commentaires, je me dis que vraiment, le monde court à sa perte avec de tels crétins analphabètes... Les français sont de plus en plus idiots et incultes, à l'image de leur président. Voltaire, Sade, Hugo , Zola (et j'en passe...) doivent se retourner dans leur tombe. Mais halte là aux poncifs...