24.9.08

QI, QD et nutrition

J’avais déjà évoqué ici l’effet Flynn et diverses hypothèses à son sujet. Pour mémoire : en 1987, James Flynn, professeur à l’Université d’Otago (Nouvelle-Zélande), a eu l’idée d’observer l’évolution du QI à travers les générations. Il eut la surprise de constater que celui-ci progressait régulièrement depuis cinquante ans, de l’ordre de 3-4 points par décennies (pour le QI évalué par l’échelle de Weschler), parfois plus (jusqu’à 7 points par décennies dans certains pays pour le QI évalué par les matrices de Raven). Une population d’enfants au QI de 100 qui passerait aujourd’hui un test des années 1960 obtiendrait en moyenne 115. Cette progression régulière du QI, observée dans la vingtaine de pays industrialisés où elle a été testée, est désormais appelée « effet Flynn »

Dans une nouvelle étude parue dans Intelligence, le psychologue Richard Lynn s’est penché sur les tests dits de « quotient de développement » : échelles Bayley aux Etats-Unis et en Australie, test Griffiths en Grande-Bretagne. Ces tests sont des mesures standardisées du progrès mental, moteur et comportemental de l’enfant pendant ses deux premières années de vie. Les tests de QI ne sont en effet pas considérés comme fiables avant la cinquième année, et encore difficiles à interpréter à cet âge. Lynn observe que les gains aux tests de QD dans la seconde partie du XXe siècle s’élèvent à 3,7 points par décennie, très comparables aux gains observés par Flynn pour le QI. Il suggère que les deux phénomènes possèdent une cause commune, qui doit être valable dans les premières années d’existence (ce qui exclut l’éducation, la sophistication cognitive de l’environnement de développement, et autres facteurs avancés pour expliquer l'effet Flynn). Pour le psychologue, l’amélioration de la nutrition de la mère et du nouveau-né est le principal facteur de progrès intellectuel depuis un siècle, la croissance du cerveau (et la myélinisation de ses connexions axonales) bénéficiant de cet apport énergétique soutenu. Le gain plurigénérationnel de QI devrait donc cesser dans les sociétés développées (mais continuer dans les sociétés en développement), à mesure que l’on se rapproche de l’optimum nutritionnel pour le développement cérébral.

Référence :
Lynn R. (2008), What has caused the Flynn effect? Secular increases in the Development Quotients of infants, Intelligence, online pub, doi : doi:10.1016/j.intell.2008.07.008.

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