9.9.08

Asymbolie de la douleur (retour sur une « douleur de fou »)

Dans le texte Douleur de fou, douleur de Martien que je commentais voici quelques jours, le philosophe David K. Lewis faisait l’hypothèse d’un fou qui chantonne lorsqu’il a mal. En lisant un essai du brillant médecin et neurologue Vilayanur Ramachandran (Le cerveau, cet artiste), je me suis avisé que l’hypothèse de Lewis correspond en fait à une pathologie réelle (quoique sans doute ignorée du philosophe), appelée asymbolie de la douleur. Lorsque le patient reçoit un stimulus douloureux, il répond… par un éclat de rire. Ce n’est pas une question de folie, mais de mauvaise connexion des réseaux neuronaux entre le cortex insulaire (qui reçoit les signaux bruts de douleur depuis les viscères ou la peau), l’amygdale (qui les redistribue dans le système limbique) et le cortex cingulaire antérieur (qui les associe à la réponse émotionnelle appropriée, c’est-à-dire sélectionnée dans l’évolution). Le patient atteint d’asymbolie de la douleur montre donc une exception au répertoire de l’espèce : il rit de son mal. Mais cela montre justement combien les expériences mentales et leurs traductions comportementales sont directement dépendantes des circuits physiques du cerveau.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Dans les enterrements, on a des fous rires terribles, surtout si on est très triste. Asymbolie, c'est joli.