19.9.08

L'homme qui vient, la femme qui part

Notre système visuel est conçu de telle sorte que nous sommes capables de déduire un grand nombre d’informations d’une personne (ou d’un animal) en mouvement, même quand notre vision est imparfaite (champ de vision latéral, forme plus ou moins indistincte). De précédents travaux ont montré que les sujets peuvent inférer des analyses exactes – le sexe, l’état émotionnel voire certains traits de personnalité - à partir d’une perception partielle des mouvements d’autres sujets. L’une des méthodes expérimentales consiste à produire des figures virtuelles à partir d’une image réelle de personne en mouvement, image que l’on réduit par de simples points lumineux situés aux articulations du corps (on parle de «point-light figure»).

Anna Brooks et ses collègues ont demandé à des volontaires de juger si de telles figures virtuelles fixes étaient des hommes ou des femmes (avec le choix « neutre » en cas d’indécision) d’une part, d’estimer si les figures venaient vers eux ou au contraire s’éloignaient (impression subjective, car l’image était fixe). Résultat : les figures jugées masculines ou neutres sont plutôt perçues comme s’approchant de l’observateur, alors que les figures féminines semblent plus souvent en train de s’éloigner. Les auteurs suggèrent que ce biais d’orientation pourrait être une mise en alerte inconsciente, visant à focaliser l’attention sur un mâle qui s’avance afin d’évaluer ses intentions, qui ne sont pas forcément bonnes. Comme 90% des violences sont le fait de mâles plutôt que de femelles dans l’espèce humaine, un tel biais a son utilité. Quant à la perception inverse (la femme s’éloigne), elle peut aussi avoir ses raisons…

Référence :
Brooks A. et al. (2008), Correlated changes in perceptions of the gender and orientation of ambiguous biological motion figures, Current Biology, 18, 17, 9, R728-R729, doi: doi:10.1016/j.cub.2008.06.054

(Merci à Anna Brooks de m’avoir fait parvenir son papier).

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