13.9.08

Sur le discours de Benoît XVI au Collège des Bernardins

On dit volontiers de Benoit XVI qu'il est un pape "intellectuel" quand Jean-Paul II fut "tribun", parlant à la "raison" quand son prédécesseur s'adressait au "coeur". Le cardinal Ratzinger a fait carrière de théologien et fut préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi (anciennement Saint-Office, plus anciennement encore Inquisition). On peut télécharger sur La Croix le discours tenu hier par le pape au monde de la culture dans le cadre du Collège des Bernardins, à Paris. C'est une réflexion sur le monachisme occidental comme recherche de Dieu à travers les interprétations des Ecritures. On sera ravi de lire que Benoît XVI y condamne le fondamentalisme, qu'il assimile à une interprétation littérale de la Parole divine quand celle-ci doit être saisie dans l'esprit plutôt que la lettre.

Sa conclusion est néanmoins : "Une culture purement positiviste, qui renverrait dans le domaine subjectif, comme non scientifique, la question concernant Dieu, serait la capitulation de la raison, le renoncement à ses possibilités les plus élevées et donc un échec de l’humanisme, dont les conséquences ne pourraient être que graves. Ce qui a fondé la culture de l’Europe, la recherche de Dieu et la disponibilité à L’écouter, demeure aujourd’hui encore le fondement de toute culture véritable". J'observe à nouveau que le soi-disant dialogue de la foi et de la raison se fait à sens unique : du côté de la foi, sa finalité est toujours de prétendre que Dieu est l'élément indispensable de la pensée humaine, plus encore ici que la culture "véritable" se fonde sur la recherche de ce Dieu, et non sur autre chose. C'est intenable pour un rationaliste : comme Laplace, il considère dieu comme une "hypothèse inutile" dans le cadre des investigations de la raison sur le monde. Mais je suis d'accord avec le pape sur un point : une culture positiviste ne doit pas renvoyer toutes les questions divines dans le seul subjectif, mais bel et bien objectiver celles qui peuvent l'être. Savoir comment et pourquoi un cerveau humain en vient à développer des représentations et propositions religieuses doit devenir un champ d'étude scientifique à part entière. L'existence ou l'inexistence de dieu est un thème métaphysique sur laquelle la science restera muette. Mais l'existence d'un cerveau croyant en dieu et d'autres n'y croyant pas est une observation physique, que la science doit modéliser au même titre que n'importe quelle autre réalité.

1 commentaire:

Unknown a dit…

je crois que vous avez tout faux. il ne s'agit pas de dire dans cette phrase que la foi est au-dessus de la Raison. Il s'ágit plutot de souligner que la Raison se doit de chercher a apprehender la Foi plutot que de la considerer comme totalement irrationnel et donc non rationalisable