23.3.08

Quand les morpholinos restaurent la lecture génétique

La maladie de Menkes est une pathologie neurodégénérative liée au chromosome X, due à un défaut dans le gène ATP7A impliqué dans le transport intra- et intercellulaire du cuivre. Elle se traduit par des troubles de développement peu après la naissance (hypotonie, convulsions, épilepsie, cheveux rares et décolorés). Rarissime et incurable, elle aboutit à la mort de l'enfant dans ses premières années.

Une équipe du laboratoire de Jonathan D. Gitlin (Université de Washington et service de médecine génétique de l'Hôpital pour enfant Saint-Louis) vient de corriger cette pathologie chez le poisson-zèbre en utilisant des morpholinos. Ces molécules sont utilisées pour bloquer ou modifier l'expression génétique (technique antisens de génétique reverse, mise au point par J.E. Summerton et D.D. Weller). La maladie de Menkes est provoquée par un défaut d'épissage du gène, l'équivalent d'une mauvaise lecture de l'ADN, et les chercheurs ont pu corriger ce défaut au moment critique du développement foetal de leur modèle animal. Le concept de ciblage de l'ARN et de correction d'épissage fait actuellement l'objet de nombreuses études pré-cliniques. Environ 20% des maladies génétiques sont liés à de telles anomalies dans la lecture normale de nos gènes.

Commentaire de Gitlin « L'idée est que l'on peut modifier le traitement pour cibler une mutation spécifique et concevoir des molécules qui agissent comme le font les oligonucléotides morpholinos. Si l'on peut connaît le génotype de chaque personne, on saura quelles mutations peuvent conduire à quelle maladie. Ainsi, vous n'aurez pas un médicament contre le cancer fonctionnant contre tous les types de cancer, mais un médicament contre la mutation spécifique qui provoque votre cancer. C'est tout l'enjeu de la médecine personnalisée ».

Référence :
Madsen E.C. et al. (2008), In vivo correction of a Menkes disease model using antisense oligonucleotides, PNAS, 105,10, 3909-3914.

Illustration : ibid.

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