4.3.08

Moins d'élèves par classe, une mesure… élitiste ?

Comme on discute beaucoup de la réforme de l’enseignement en France, voici une étude qui donnera à réfléchir. Réduire le nombre d’élèves par classes est une requête traditionnelle des parents et des professeurs (traduction : plus de moyens, plus de personnels), dont la visée est généralement égalitaire : plus le professeur peut consacrer de temps à chaque élève, mieux il aidera ceux qui en ont besoin, et donc réduira les différences de niveau. Voilà pour l’idée générale et généreuse. Mais quels sont les effets réels de cette réduction d’effectif ? Une étude américaine a analysé la question en suivant sur quatre ans les résultats en lecture et calcul de 11.000 élèves d’école élémentaire, répartis dans 79 établissements. Le chercheur, Skyros Konstantopoulos, a constaté de meilleurs résultats dans les petites classes que dans les classes à effectif normal. Ce qui semble politiquement et éducativement correct. Mais, lorsque le chercheur a creusé la question, il a abouti à des conclusions plus dérangeantes : ce sont les meilleurs élèves qui bénéficient le plus de la réduction de taille des classes. Les élèves les moins bien notés en bénéficient également (c’est-à-dire qu’ils ont de meilleurs résultats que les élèves les moins bien notés des classes normales), mais dans une moindre mesure. En d’autres termes, plus l’effectif est réduit, plus la classe est inégalitaire dans ses résultats. De l’intérêt de se méfier des idées reçues, comme toujours…

Référence :
Konstantopoulos S. (2008), Do small classes reduce the achievement gap between low and high achievers. Evidence from Project STAR, Elementary School Journal, 108, 4, DOI: 10.1086/528972. Texte intégral en pdf (anglais) ici.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Mon père est retraité de l'Education Nationale, il m'a dit que ce raisonnement lui était constamment répété durant toute sa carrière : on apprend aussi bien à lire à 40 qu'à 20 élèves dans une classe. Les instituteurs pensaient que leurs inspecteurs justifiaient ainsi le non renforcement de leurs effectifs. Ces derniers s'appuyaient-ils déjà sur des étude? Autre question : le plus important n'est il pas que les "moins bons élèves" profitent (même moins que les meilleurs) de la baisse du nombre d'élèves par classe? N'est ce pas là une correction de l'inégalité? Merci pour votre blog.