8.3.08

En attendant la catastrophe

La théorie critique est orpheline de ses collectifs : les classes et les nations ne font plus recette, les « nouveaux mouvements sociaux » ne sont plus nouveaux ni guère en mouvement, les acteurs susceptibles de renverser le cours du capitalisme se font bien rares. Certains se réfugient vers le collectif suprême d’une Terre fantasmée, Gaïa au bord du gouffre ; d’autres lorgnent vers des radicalités rachitiques (sectes politiques) ou exotiques (monde islamique) ; tous semblent guetter les catastrophes à venir, révélant enfin les contradictions ultimes du capitalisme tant honni. Outre que cette position d’attente n’est aucunement satisfaisante pour l’esprit, elle se condamne à exagérer sans cesse les dysfonctionnements du système. Pour la « bonne cause », on est de moins en moins attentif aux faits, on développe des interprétations de plus en plus excessives. Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner du faible écho de la critique. Ce n’est pas seulement l’effet d’une conjuration du pouvoir en place étouffant ses opposants, c’est aussi la conséquence d’une lassitude de ses partisans.

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