3.3.08

Encore une exception française

Le site Note2Be a ouvert le 29 janvier 2008 et permet aux élèves de noter leur professeur. Ce lundi 3 mars 2008, le juge des référés (saisi par le SNES-FSU et une cinquantaine d’enseignants) vient d’en condamner le principe, en interdisant de citer le nom des professeurs dans les forums. Ce qui est évidemment impossible avec 200 000 connexions par jour et 65 000 professeurs déjà notés. Stéphane Cola, co-fondateur du site, a annoncé son intention de faire appel de cette décision.

Ce genre de site existe déjà aux États-Unis, en Angleterre, en Allemagne, en Suède. Lorsque la justice a été saisie dans ces pays, elle a tranché en faveur de la liberté d’expression des élèves (ou de leurs parents), dans les conditions habituelles d’exercice de cette liberté (pas d’insultes, pas de diffamations, pas d’informations privées, etc.). Dans l’Hexagone, comme toujours, l’autoritarisme est le premier réflexe des serviteurs de l’État. C’est une tradition ici, lancée par la monarchie, continuée par la République. L’État français n’est plus le nombril du monde, l’État français n’a plus les moyens de péter plus haut que son cul, alors l’État français se console de sa puissance déchue par ce genre de décisions où il redresse le menton, carre les épaules et vérifie qu’aucune tête ne dépasse dans le rang. Là, c’est le fait des petits juges crispés de la base. Mais avec le petit corps malade en son sommet, il y a fort à parier que l’État français multiplie ces sursauts d’un autre âge.

Marx disait à propos de Napoléon III que les événements reviennent toujours deux fois, la première comme tragédie et la seconde comme farce. Cela fait bien longtemps que l’État français joue sur le registre de la farce. Et cela fait bien longtemps que cette farce a cessé de nous amuser.

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