7.3.08

La coquine, ses copains et le procureur

A Dieppe, une lycéenne de 15 ans réalise avec son mobile une vidéo « coquine » et l’envoie à son petit ami. Mais celui-ci l’envoie à ses copains, qui l’envoient à leurs copains… et la jeune fille se retrouve sur bon nombre de mobiles du lycée. Ses parents ont porté plainte, six jeunes de 13 à 17 ans ont été arrêtés, ils risquent 5 ans de prison et 75 000 euros d’amendes pour captage et diffusion d’images pédo-pornographiques.

Ce fait divers n’a guère d’intérêt, n’était sa démesure révélatrice si l’on en croit ces faits rapportés par les agences de presse. La jeune fille a semble-t-il 15 ans, c’est-à-dire la majorité sexuelle. C’est elle qui prend l’initiative de mettre en scène sa propre sexualité et de la graver sur un support connu pour sa réplication facile. Ses copains ont sensiblement le même âge, un âge réputé « bête » notamment parce que les hormones incitent à réfléchir avec l’organe inapproprié (syndrome dit de la tête de nœud). Mais voilà, cette banale histoire de touche-pipi assisté par téléphone mobile devient de la pédopornographie passible de 5 ans de prison. Car elle se trouve à la confluence de deux rocs de l’imaginaire contemporain : la sexualité, qui n’est absolument pas banalisée dans le droit contrairement à ce que prétend une certaine légende conservatrice (bien au contraire, délits et crimes sexuels sont condamnés plus lourdement que tous les autres) ; l’enfance, qui fait l’objet d’une sacralisation compulsive en cet âge de foules sentimentales ayant pris l’habitude de réagir à partir de leurs émotions.

Aucun commentaire: