12.3.08

Présente innocence

On se plaint que les contemporains vivent au présent, en ignorant le passé comme l'avenir. Dans le même temps, on nous enjoint à regarder le passé comme une succession d'horreurs vis-à-vis desquelles nous aurions un devoir permanent de mémoire, de repentir et de compassion ; et l'avenir comme une série de catastrophes qu'il faudrait conjurer par une humilité de chaque instant en forme de principe de précaution hyperbolique. Si l'on est ainsi déclaré coupable des drames passés et responsable des tragédies futures, vivre au présent est peut-être le dernier moyen de clamer son innocence.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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Dans un ouvrage remarquable, "Proust was a neuroscientist", Jonah Lehrer ( http://www.jonahlehrer.com/About%20Me%202.html ) attire notre attention sur la réalité neurologique de la mémoire. Nous pouvons en déduire que le concept de passé ne va pas vivre encore longtemps car ce passé n'est qu'une inscription ou une mise en forme physique présente et modifiable dans chaque instant réservé au souvenir, qui est une prise de conscience d'un état présent de certains circuits neurologiques.
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J'ai cru comprendre également à la lecture de l'ouvrage en question que l'instant lui-même commençait à pouvoir être quantifié en secondes...
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Les obsédés du devoir de mémoire ne sont donc que les utilisateurs d'un outil de modification physique de l'autre vu comme sujet d'application d'une petite dose de cruauté.
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