6.3.08

Des mots, des filles et des garçons

Les psychométriciens le mesurent depuis fort longtemps : en moyenne, les filles obtiennent de meilleurs scores que les garçons dans les tests cognitifs associés au langage. Logiquement, elles obtiennent aussi (toujours en moyenne) de meilleures notes à l’école dans les matières littéraires, de même qu’elles sont largement majoritaires dans les filières de lettres.

Comment se matérialise cette différence dans le cerveau ? Pour le savoir, Douglas D. Burman, Tali Bitanc et James R. Booth ont fait passer une imagerie par résonance magnétique à 31 garçons et 31 filles âgés de 9 à 15 ans, en bonne santé et sans problème scolaire. Les enfants devaient accomplir des tâches verbales (écrire ou épeler) pendant que les chercheurs examinaient l’activité de leurs neurones.

Premier résultat : les filles ont montré une activité cérébrale bilatérale globalement plus importante que les garçons, notamment dans les aires spécialisées dans la maîtrise du langage (gyrus temporal supérieur, gyrus frontal inférieur, gyrus fusiforme gauche). Deuxième résultat : la performance est d’autant meilleure que l’activité mentale est intense. Troisième résultat, le plus intéressant : filles et garçons ne procèdent pas de la même manière. Chez les filles, le niveau de performance dépend essentiellement de l’activité de l’aire du langage elle-même, alors que chez les garçons, il dépend aussi des activités dans le cortex associatif visuel ou auditif, selon la tâche. « Nos résultats suggèrent que le processus du langage pourrait être plus sensoriel chez les garçons, plus abstraits chez les filles », remarque Douglas D. Burman.

Référence :
Burman G.D. et al. (2008), Sex differences in neural processing of language among children, Neuropsychologia, in press, doi:10.1016/j.neuropsychologia.2007.12.021

Aucun commentaire: