7.7.08

Violeur né ?

Voici une nouvelle qui devrait conforter les lecteurs de Marcela Iacub : contrairement à l’idée reçue, les personnes condamnées pour violences sexuelles ont peu tendance à récidiver par rapport à d’autres catégories de délits ou de crimes. Ainsi, seuls 3,2 % des 4 000 condamnés relâchés sur parole dans l’Etat de Californie en 2002 ont commis une nouvelle agression sexuelle depuis cette date. Chiffre exactement comparable (3,2 %) à une précédente étude dans l’Etat du Minnesota, menée entre 1990 et 2002. L’image du multirécidiviste incapable de maîtriser ses pulsions sexuelles et destiné à violer tout au long de son existence concerne en fait une toute petite minorité d’individus. La place disproportionnée que cette image occupe dans les mentalités collectives ne tient pas tant à la réalité statistique des violences sexuelles qu’au statut toujours singulier du sexe dans nos représentations.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est une bonne nouvelle. Malheureusement si on regarde l'historique des prêtres qui ont été pardonnés par l'Eglise, on remarque que pour certains la récidive était quasi permanente.

Si la prison délivre des thérapies, des médicaments, et même des castrations sur demande comme c'est le cas au Canada, il est tout à fait logique que la récidive soit faible.

L'Eglise n'exigeait pas de thérapies et ne condamnait pas suffisamment. Les pulsions doivent donc être sanctionnées et-ou soignées pour être corrigées par l'individu.

Dans des cas de pédophilie, il est bien évident qu'un individu qui s'est fait prendre ne recommencera pas, s'il sévissait au sein de sa famille quand il peut s'organiser, partir en voyages et acheter des enfants dans d'autres pays.

Sur 4000 condamnés, quel est le violeur occasionnel bourré du samedi soir, qui a dérapé juste une fois dans sa vie, et puis c'est quoi une agression, si c'est mettre les mains aux fesses de la secrétaire et qu'elle vous dénonce c'est sur que l'on ne recommence pas surtout aux States.

Je trouve ridicule les présidents qui veulent faire condamner à mort les violeurs d'enfant, car les pédophiles sévissent dans leur famille principalement, et condamner son père ou sa mère à mort, c'est impossible, cela ferait plus de dégâts qu'autre chose sur la victime et empêcherait les dénonciations.

Anonyme a dit…

19 juin 2006

EFFICACITÉ DES THÉRAPIES

Des taux de récidive variables

Marie-Claude Malboeuf

La Presse Montréal

Une fois traités, les délinquants sexuels sont deux fois moins susceptibles d'agresser de nouvelles victimes que si on les avait laissés à eux-mêmes.

C'est du moins ce qu'indique le site du ministère fédéral de la Sécurité publique. Après cinq ans, 10% des agresseurs sexuels qui avaient suivi un traitement avaient récidivé, comparativement à 17% de ceux qui n'avaient pas été traités.

«On espère devenir encore plus efficaces, mais c'est déjà beaucoup. Si on obtenait de tels taux de guérison pour certains cancers, on serait euphorique», souligne la psychologue Joanne-Lucine Rouleau.

Dans les pénitenciers fédéraux, environ huit agresseurs sexuels sur 10 suivent un traitement. Souvent à reculons - pour respecter l'ordre de la cour et ne pas nuire à leurs chances d'être libérés plus tôt. Mais la thérapie n'en est pas moins efficace, jurent les experts.

«C'est au thérapeute de changer la motivation du délinquant, de lui montrer qu'il a intérêt à s'engager», expose la Dre Franca Cortoni, experte des programmes offerts aux Services correctionnels.

De rares agresseurs sont imperméables au traitement, observe le Dr Benoît Dassylva, de l'institut psychiatrique montréalais Pinel. «En thérapie comme dans la vie, certains détenus sont pervers, explique-t-il. Ils cultivent le secret, essaient de tromper les autres pour avoir un sentiment de triomphe, se sentir puissants, importants.»

«Mais la plupart des agresseurs ne veulent ni récidiver, ni aller en prison. Ils essaient même de se mettre des freins», précise le psychiatre.

Comparativement aux batteurs de femmes, aux voleurs et aux mafieux - dont les taux de récidive peuvent atteindre 30% ou 60% -, le taux de récidive des délinquants sexuels est donc assez bas.

Les chercheurs savent, toutefois, que certains sont beaucoup plus à risque. Avec un taux de récidive après cinq ans pouvant atteindre 77%, les pédophiles endurcis (qui n'en sont pas à leur première infraction, qui ont agressé des garçons à l'extérieur de leur famille et qui n'ont pas été mariés) rechutent par exemple 20 fois plus que les parents incestueux.

«Ce sont les exhibitionnistes qui récidivent le plus et qui répondent le moins au traitement», observe de son côté le Dr Dassylva.



Mythes



Comme les compagnies d'assurances, les psychologues ont donc appris à se fier à l'histoire des agresseurs sexuels pour prédire les risques de désastre: âge, situation familiale, passé criminel, sexe et âge des victimes.

En parallèle, ils regardent comment évolue le détenu. Car certains comportements (que les thérapeutes s'efforcent justement de changer) intensifient encore le danger.

«Les risques augmentent quand une personne s'effondre émotionnellement, quand elle perd ses soutiens sociaux, se remet à boire, devient soudain très hostile, refuse la surveillance ou quand elle recommence à avoir accès aux victimes», énumère la Dre Cortoni.

Depuis les années 90, les méthodes se sont beaucoup raffinées, dit-elle. Et les thérapeutes ont appris à intervenir sur plusieurs plans: idées, mode de vie, relations interpersonnelles, préférences sexuelles.

«On sait maintenant que les interventions qui ciblent l'estime de soi, l'enfance n'ont aucun impact sur la récidive», précise la Dre Cortoni.

Pour les services correctionnels, apprendre l'empathie aux agresseurs apparaît tout aussi dépassé, ajoute la Dre Rouleau. «C'est presque contre-productif. Dans certains cas, faire souffrir la victime, c'est justement ce que cherche l'agresseur...»

Au cours de sa carrière, la psychologue a vu bien pire encore. «À une époque, certains disaient que les pères incestueux n'avaient pas d'intérêt sexuel déviant. On faisait maigrir leur femme, on leur disait de raser leur pubis et de resserrer leur paroi vaginale...»

«La science a beaucoup évolué.»

http://www.cyberpresse.ca/article/20060619/CPACTUALITES/606190681/1064/CPACTUEL