29.7.08

Engagement politique, cerveau social, qualité du sperme...

Le magazine Science rapporte le contenu de quelques présentations et débats tenus lors du dernier congrès de l’Association américaine de génétique du comportement, à Louisville (Kentucky). James Fowler et Christopher Dawes ont exposé les résultats de travaux récents sur l’héritabilité des opinions politiques (entre libéraux et conservateurs, soit en première approximation la gauche et la droite américaines).

Une étude portant sur 396 vrais et faux jumeaux de Los Angeles, dans le cadre du National Longitudinal Study of Adolescent Health, a montré que les corrélations de vote sont plus fortes pour les jumeaux monozygotes (.71) que pour les jumeaux dizygotes (.50). Les deux chercheurs parviennent à une héritabilité de 53% : la moitié des différences d’orientation politique serait donc due à des facteurs biologiques. Ce chiffre est à peu près conforme aux précédents résultats en ce domaine, les premiers travaux ayant été publié par le psychologue Nicholas Martin voici plus vingt ans. Dans un autre travail portant sur 806 jumeaux, Fowler et Dawes sont même parvenus à une estimation de 72 % pour cette héritabilité. Ils ont par ailleurs suggéré que l’intensité de l’affiliation politique (l’engagement, analysé par questionnaire et mesuré sur une échelle de sept points) est elle-même en partie sous la dépendance des gènes (héritabilité de 46 %). Plusieurs groupes se penchent sur ces questions et essaient de passer du niveau statistique au niveau moléculaire, c’est-à-dire d’identifier les gènes influençant la personnalité dans un sens favorable à telle ou telle orientation politique. L’hypothèse est faite que certains traits, comme le « désir de coopération » ou prosocialité, influence la nature des engagements politiques individuels.

Ce « cerveau social » n’en finit d’ailleurs pas de passionner les chercheurs, qui forment toutes sortes d’hypothèses à son sujet. L’anthropologue Robin Dunbar avait observé que l’augmentation de l’encéphalisation, et particulièrement du cortex, coïncide chez les primates sociaux avec un accroissement de la taille des groupes. Un psychologue de l’Université d’Edimbourg, Timothy Bates, a voulu vérifier si cette corrélation se retrouve au niveau individuel : sur une population de 200 étudiants, il a pris divers mesures (taille de la tête, QI, test d’empathie, questionnaire sur le nombre d’amis proches et le cercle élargi des relations). Ni le QI ni la taille de la tête ni les facultés cognitives en général ne montrent d’association significative avec la taille du réseau social d’un individu. Comme on peut s’y attendre, ce sont plutôt des traits de personnalité – en premier lieu l’extraversion – qui joue un rôle de premier plan. Ramené à l’hypothèse de Dunbar, ce travail suggère que la taille des groupes sociaux ne résulte pas forcément d’une pression sélective sur les facultés cognitives, mais plutôt sur les caractères « agréables » des individus. Y compris dans le domaine de la compétition sexuelle, la mieux placée pour expliquer l’évolution si rapide de notre gros organe (le cerveau, bien sûr).

A ce sujet, Geoffrey Miller, Linda Gottfredson et Rosalind Arden ont rapporté au même congrès les résultats d’un travail portant sur la corrélation entre le QI et la qualité du sperme (quantité, motilité et densité des spermatozoïdes). 425 Vietnamiens âgés de 31 à 44 ans se sont prêtés à l’exercice. Ils ont trouvé une corrélation positive, mais modeste de .13. L’idée d’un « facteur général de fitness » qui inclurait aussi bien des traits physiques que mentaux soulève cependant le scepticisme de leurs collègues. On n’a par exemple pas trouvé de corrélation entre la qualité du sperme et la symétrie droite-gauche (face et corps), alors que cette dernière est un bon prédicteur de santé et d’attractivité sexuelle.

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