Dans une intéressante interview au New Scientist, le psychologue Gary Marcus revient sur quelques idées fausses concernant l'évolution et l'esprit. Notamment l'idée que notre cerveau représente un pinacle de cette évolution et est devenu grâce à elle un outil optimal. D'abord, l'évolution s'est déroulée dans un environnement adaptatif (paléolithique) n'ayant rien à voir avec le nôtre, celui de petits groupes cherchant à manger. Certains de nos traits psychologiques sont donc décalés ou inadaptés par rapport à notre époque et à ses exigences particulières. Ensuite, l'évolution bricole avec ce qu'elle a sous la main, et non selon le dessein ou le plan d'un état futur idéal. D'où l'erreur consistant à penser que "ce qui est" signifie "ce qui est le mieux (ou le plus apte)", alors que cela signifie plus modestement ce qui était le plus apte à un moment donné parmi les choix possibles (et restreints) d'aptitude.
La mémoire humaine, note par exemple Marcus, est très mal organisée : "Nous ne sortons les choses de notre mémoire qu'en fonction du contexte, ou des indices, qui évoque ce que nous cherchons". Mais cela signifie aussi que bien d'autres choses qui auraient été utiles à éclairer ce contexte restent enfouies. De manière générale, la rationalité humaine a été surestimée. "Les économistes font cette erreur, note Marcus. Ils présument que les humains sont rationnels, mais ils ne le sont pas nécessairement. Et je pense que les gens surestiment presque toujours leurs propres capacités. Ils surestiment la qualité de leur mémoire et la précision avec laquelle ils raisonnent. Cela contribue à la polarisation politique, par exemple, où chacun est convaincu qu'il connaît la vérité et personne d'autre. Je ne crois pas que c'est une bonne chose pour l'espèce".
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