14.5.08

Big Brother est vraiment dangereux

Il ne fait pas bon avoir un frère aîné. Dans deux papiers récents, Ian Rickard (Université de Glasgow) vient de montrer que, dans nos sociétés, les individus nés après un frère ont en moyenne un poids inférieur à la naissance et sont de taille plus petite à l’âge adulte que ceux nés après une sœur. Ce qui est embêtant, car un moindre poids et une moindre taille sont corrélés à toutes sortes de désagréments (moindre succès sexuel, moindre QI, risque accru de dépression). Un travail mené sur la société finlandaise de l’époque pré-industrielle (analyse des registres de l’Église luthérienne pour 653 femmes et leur descendance entre 1709 et 1815) confirme que le succès reproductif des cadets d’un grand frère est de 27 % inférieurs à celui des cadets d’une grande sœur. Et ce résultat reste vrai lorsque le cadet mâle est mort très jeune, avant la naissance de ses frères ou sœurs : ce n’est donc pas le rapport au sein de la fratrie qui désavantage, mais plutôt la première grossesse masculine de la mère. D’autres travaux avaient montré que le nombre de grossesse masculine d’une mère est un prédicteur de premier plan de l’orientation sexuelle des derniers-nés (plus on a de grands frères, plus la probabilité d’être homosexuel augmente chez les cadets). Le mécanisme à l’œuvre n’est pas très clair, mais on soupçonne qu’il est lié à l’empreinte maternelle (influence de la mère sur l’expression des gènes de son fœtus). Une première grossesse masculine entraînerait des réactions dans le système immunitaire de la femme, plus importante que celles dues aux grosses féminines, et les nouveaux embryons en subiraient les conséquences.

Références :
Rickard I. et al. (2007), Producing sons reduces lifetime reproductive success of subsequent offspring in pre-industrial Finns, Proc. Roy. Soc. B., 274, 1628, 2981-2988, doi: 10.1098/rspb.2007.1051
Rickard I. (2008), Offspring are lighter at birth and smaller in adulthood when born after a brother versus a sister in humans, Evolution and Human Behavior , 29 , 3 , 196-200, doi: 10.1016/j.evolhumbehav.2008.01.006.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Du point de vue de l'espèce, il est probable que le premier né n'a pas le même rôle que les suivants.
On peut imaginer qu'il est destiné à assurer la pérénité et dispose donc des meilleures qualités.
Tandisque les suivants ont peut être un rôle d'"explorateurs" de possibilités nouvelles. Ils n'ont pas les mêmes qualités, mais probablement d'autres qualités plus originales, et susceptibles de s'imposer de façon déterminante, ou bien de disparaître rapidement.
POE

C. a dit…

Certains ont suggéré que chez les humains, le fait d'être cadet se traduisait par une inventivité supérieure en raison des avantages statutaires conférés à l'aîné, ou simplement de son rang prioritaire dans l'usage des ressources des parents (F. Sulloway).

Mais du point de vue purement biologique, et en incluant des espèces non-humaines, je pense que l'avantage au premier-né dès la naissance dépend du profil reproductif de l'espèce et du profil adaptatif de son milieu. En situation de faible nombre de descendants et d'incertitude sur leur survie, on peut en effet penser que la pression sélective s'exerce de façon décroissante dans l'ordre des naissances, une moindre "qualité" pour les derniers étant moins pénalisante que pour les premiers.

Dans le cas précis des naissances mâles, on a aussi documenté des biais étonnants (par exemple le fait que les femelles de rang dominant donnent plus souvent naissance à des mâles en primogéniture, chez les mammifères sociaux).