20.5.08

Votre État vous déplaît ? Changez-en !

Vous n’éprouvez pas tellement d’attachement pour votre identité nationale, vous êtes las de votre État, de sa bureaucratie tatillonne ou de son orientation idéologique, vous souhaitez rejoindre une communauté plus proche de votre conception de la vie sociale ou de la chose publique ? Commencez donc votre nouvelle vie dans l’une ou l’autre des milliers de cités-Etats ayant fleuri dans les eaux internationales.

Ce qui ressemble aujourd’hui à un récit de science-fiction pourrait devenir demain une réalité selon les animateurs du Seasteading Institute, une association californienne sans but lucratif. Le mouvement possède déjà son manifeste, dont la version 1.0 peut être consultée en ligne : Seasteading : A Practical Guide to Homesteading the High Seas, écrit par Wayne C. Gramlich (ancien programmeur chez Sun Microsystem), Patri Friedman (ingénieur chez Google, petit-fils de l’économiste Milton Friedman), et Andrew Houser.

Peter Thiel, fondateur du système de paiement en ligne PayPal, vient de faire un don d’un demi-million de dollars à l’association. Et le président du Seasteading Institute, Joe Lonsdale, se retrouve aussi au conseil d’administration de Clarium Capital Management, un fonds spéculatif multmilliardiaire. L’affaire semble donc plus sérieuse que les nombreuses autres tentatives en ce sens, les plus abouties étant généralement des occupations de plateformes pétrolières offshore rachetées en fin de vie. « L’histoire montre que plein de gens délirants ont essayé ce genre de choses, précise lucidement Lonsdale, mais l’idée est de le faire de manière non délirante ».

Concrètement, un Seastead ressemblerait à une île artificielle, avec des appartements privés (sous l’eau) et une vaste plateforme en surface. Elle devrait être autonome énergétiquement. Mais l’essentiel réside bien sûr dans la dimension politique et juridique de l’entreprise, d’inspiration libertarienne. Selon Patri Friedman, « le monde a besoin d’un nouveau modèle de politique où un écosystème varié de fournisseurs offre une diversité d’institutions ayant pour but de servir leurs citoyens. Les eaux internationales, dernière frontière de la Terre, sont l’endroit idéal pour nourrir cette vision d’un monde meilleur. En rendant accessible et sûr le fait de s’établir sur cette frontière, nous donnerons aux gens la liberté de choisir le gouvernement qu’ils veulent au lieu de rester coincés avec le gouvernement qu’ils ont ». Les États continentaux sont prévenus : leurs dernières prérogatives souveraines pourraient bien être mises sur le marché universel de l’offre et de la demande.

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