Un complément de notre analyse récente des manœuvres liberticides de l’industrie culturelle auprès de la Commission européenne : Wikileaks a révélé hier l’existence d’un groupe de travail international mettant actuellement au point un traité multilatéral baptisé « Anti-Counterfeiting Trade Agreement » (ACTA), dont le site publie la version provisoire. Le texte devrait être finalisé d’ici le prochain sommet du G-8, en juillet 2008. La lutte contre le piratage et pour le respect de la propriété intellectuelle y légitime implicitement la nécessité d’un régime international de surveillance des échanges sur la toile.
On se demande parfois si, dans quelques années ou décennies, l'Internet ne sera pas devenu un immense cas d'école sur l'incapacité définitive de l'humain à tolérer un régime de liberté pour lui-même. Quand ce ne sont pas les marchands de merde culturelle qui défendent leurs marges ou les bureaucrates d'Etat qui protègent leur pré-carré, ce sont les chasseurs de nazis, les bouffeurs de pédophiles, les protecteurs d'anorexiques, les sauveurs de suicidaires, les défenseurs de l'enfance en péril, les débusqueurs de terroriste potentiel — en bref, l'armée hétéroclite, fanatique et psychorigide des bien-intentionnés — qui militent pour en finir avec l'intolérable tolérance du réseau mondial. Et comme d'habitude, toutes ces petites meutes tirent leur force de l'impuissance ou de l'indifférence de l'individu isolé dont elles rognent peu à peu les espaces de liberté.
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