30.5.08

L'humanité, entre autosélection et autodestruction

L’homme est programmé pour produire des jugements de goûts et des jugements de valeur. En fait, il ne produit quasiment que cela : le simple jugement de fait dénué d’une appréciation subjective est une rareté, un effort, une lutte contre la nature même de notre esprit. Même dans l’économie, réputée pour flatter les intérêts plutôt que les passions, le comportement des acteurs fait une large place à des appréciations très éloignées de la pure rationalité. De là procède l’insociable sociabilité dont parle Kant, c’est-à-dire la permanence des conflits au sein des sociétés humaines. Car pour des causes biologiques autant que culturelles, nous ne hiérarchisons pas de la même manière nos valeurs et nos goûts, nous acceptons difficilement que nos voisins divergent, nous cherchons des groupes homogènes. Même le plus tolérant des hommes a des régions secrètes d’intolérance — et la tolérance, hélas, est bien loin d’être la vertu la mieux partagée. Cela ne rend pas optimiste sur notre capacité à établir une paix durable. Au moins pour l’humanité dans sa version actuelle, encore si proche d’une horde de primates. A peine les grands conflits idéologiques ont-ils reflué que les luttes ethniques ou religieuses refont surface. Il se pourrait bien que la Mutation ait pour mythe fondateur les terribles guerres humaines dont le siècle passé fut un prélude. Elles nous apparaîtront comme des guerres civiles mondiales, c'est-à-dire les premiers conflits internes de la société-monde en devenir.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

désolé d'utiliser ce commentaire pour une question qui concerne RIKEN : où est il possible de lire ce fameux livre "dix enjeux du XXIe siècle" dirigé par Nihito Matazuki, je n'arrive pas à trouver de résultats avec Google.
Merci, et toujours bonne continuation.

C. a dit…

Ah désolé à mon tour, je ne puis tout à fait vous répondre sans déranger le déroulement d'une expérience en cours. Mais promis, je donne très vite la bonne information.