23.5.08

Les gènes d'un Nobel

James Watson a obtenu avec Francis Crick et Maurice Wilkins le Prix Nobel de physiologie et de médecine pour avoir déchiffré, en 1953, la structure en double hélice de la molécule d’ADN. Cette découverte permit la compréhension de l’écriture, de la lecture et de la semi-réplication de l’ADN, ouvrant ainsi un immense champ de recherche sur les bases génétiques de l’information chez les êtres vivants. Cinquante ans plus tard, James Watson fait à nouveau parler de lui, cette fois comme objet d’étude : une équipe de généticiens et bio-informaticiens vient en effet de publier dans Nature le séquençage complet de son génome.
Les chercheurs ont utilisé le dernier cri de la technologie, à savoir le Genome Sequencer FLX (454 Life Sciences), capable d’analyser 400 000 échantillons d’ADN en parallèle, au lieu des machines à 96 puits ayant assuré le séquençage du génome humain dans les années 1990. Il aura fallu deux mois pour analyser le génome de Watson, et deux mois supplémentaires pour annoter cette séquence brute. Un génome de bactérie peut être analysé en quinze jours. Craig Venter avait déjà publié l’analyse de son propre génome à la fin de l’année 2007, mais il lui avait fallu quatre ans pour cela (en méthode classique d’électrophorèse capillaire), et le coût en était 15 fois plus élevé.

Cette étude est présentée par les chercheurs comme un pilote de la future génomique personnalisée : la possibilité pour chacun de connaître ses gènes. On estime que le coût d’un génotypage individuel complet pourrait se réduire à 1000 dollars au cours de la décennie 2010. Pour la petite histoire, James Watson a refusé de connaître sa propre version du gène codant pour l’apoprotéine E (sur le chromosome 19), connu pour être impliqué dans la susceptibilité à la maladie d’Alzheimer. Sa grand-mère avait souffert de ce trouble, et le Prix Nobel, âgé de 80 ans, n’a pas eu envie de savoir ce que la loterie génétique lui avait réservé. Inversement, il a espéré que son génome permettrait d’en savoir plus sur les bases de la schizophrénie, pathologie dont un de ses enfants est atteint.

Référence :
Wheeler D.A. et al. (2008), The complete genome of an individual by massively parallel DNA sequencing, Nature, 452, 872-876, doi:10.1038/nature06884.

Le génome de James Watson peut être consulté en ligne ici. (L’illustration est extraite de ce site).

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