16.5.08

Questions de confiance

Les jeux de confiance sont utilisés en laboratoire pour mesurer l’altruisme des sujets. Dans la forme classique, un investisseur doté d’une certaine somme au départ peut décider d’en partager une partie avec un autre joueur (anonyme) ; la somme donnée est multipliée par un facteur 3 et le bénéficiaire peut reverser une partie des gains à son donateur. Des individus purement égoïstes n’échangeraient pas (l’investisseur anticipe que le bénéficiaire ne lui rendra rien de la somme investie). Mais l’expérience démontre que les joueurs développent habituellement des comportements altruistes.

Une équipe de chercheurs a mesuré l’héritabilité du comportement coopératif en étudiant les résultats du jeu de confiance chez des jumeaux monozygotes et dizygotes (658 sujets suédois, 706 sujets américains). Il résulte que les gènes expliquent 10 à 20 % de la variance, l’environnement partagé 8 à 12 %, l’environnement non partagé 68 à 82 %. L’existence d’une base génétique n’est pas une réelle surprise, puisque le taux de certaines hormones, (oxytocine, cortisol) corrélé aux polymorphismes de certains gènes (CYP11B1, OXTR), est connu pour faire varier le niveau confiance des individus envers des tiers. Le point surprenant est surtout que l’influence des gènes est supérieure à celle de l’environnement partagé (parental) des joueurs. Cette part très modeste du milieu familial dans la genèse des traits et comportements se retrouve dans la plupart des études d’héritabilité, comme un récent article l’avait rappelé (voir ici).

Référence :
Cesarini D. et al. (2008), Heritability of cooperative behavior in the trust game, PNAS, 105, 10, 3721-3726, doi : 10.1073/pnas.0710069105 (article en libre accès).

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