10.10.08

Narcissisme et leadership (incidente sur BHL comme épiphénomène d'un système)

En lisant Ennemis publics, je me demandais quels ressorts pouvaient bien expliquer le succès de Bernard-Henri Lévy, succès paraissant finalement improbable si l'on prend comme seul critère la qualité littéraire ou intellectuelle de sa prose. Ma chère amie Peggy m'a signalé cette étude parue en ligne dans le Personality and Social Psychology Bulletin, qui pourrait en expliquer un facteur parmi d'autres. Les chercheurs ont mené trois expériences différentes avec 432 et 408 étudiants, et 154 managers. Avant chacune d'elles, un questionnaire standardisé permettait d'évaluer le narcissisme des individus. La personnalité narcissique est marquée par une vision du monde centrée sur soi, un manque d'empathie envers autrui, une surestimation de ses talents et capacités, une volonté de plaire et de dominer. Dans chacune des expériences, les participants divisés en petits groupes étaient en situation de désigner un leader pour un projet à venir. Il en ressort que les individus les plus narcissiques sont ceux qui s'estiment les meilleurs leaders, ce qui n'est pas étonnant, mais aussi ceux qui ont la meilleure probabilité d'être vus comme des leaders par les autres. Ce qui est plus ennuyeux, car le narcissisme n'est évidemment pas en soi un gage de qualité. Chez le primate humain, l'esbroufe et l'épate font bonne impression. C'est navrant, bien sûr, mais on se doutait bien qu'un système permettant l'émergence et la persistance du phénomène BHL avait quelques défaillances psychiques à sa racine...

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