27.10.08

Le foot, opium de l'intellectuel critique déclassé

Dans Le Monde, un quarteron de philosophes et sociologues profite des non-événements de l’actualité (hymne national sifflé lors du match France-Tunisie) pour développer leur non-analyse (déjà lue cent fois) du football, «opium du peuple» : «Contrairement aux illusions de tous ces intellectuels qui ne veulent voir dans le football qu'un jeu de balle qui permettrait l'intégration républicaine, la concorde civile et l'amitié entre les peuples, la réalité effective des terrains montre qu'il remplit surtout une fonction réactionnaire de dépolitisation, de grégarisation régressive et d'exutoire aux frustrations. (…) Les hommes politiques sont non seulement sous l'emprise de la folie foot, mais c'est l'espace public dans son ensemble qui est gangrené par l'hystérie des pelouses vertes. C'est bien le football dans son ensemble, ses mercenaires en crampons, ses affrontements belliqueux dans des "matchs à hauts risques", ses mouvements de foule dans le cadre d'une mise en scène guerrière chargée en émotions archaïques et en effets d'ambiance - haut-parleurs, banderoles agressives, hymnes nationaux, levées de drapeaux, chants vengeurs - qui est la source ultime de tous les "incidents", "dérapages", "excès", "déviations", "bavures". (…) Plutôt que d'arrêter les matches, il serait donc peut-être temps de songer à zapper le football, opium du peuple.»

Donc, en clair, une enième resucée du mythe moderne de la «page blanche» : supprimons le football, et l’on supprimera d’un coup de baguette magique les détestables penchants de la nature humaine qui s’expriment dans les tribunes, voire sur la pelouse. Et in fine : toute cette frustration grégaire gagnerait à s’exprimer dans des activités moins dépolitisées. Ben voyons, l’histoire récente a laissé un excellent souvenir des violences politisées, on en redemande volontiers de ces magnifiques envolées du petit primate encarté…

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