11.10.08

Droite, gauche et querelles de ménage

Dans Libération, un entretien avec Anne Muxel, directrice de recherche au Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po), qui vient de se pencher sur les relations entre amour et politique : «Nos convictions morales, politiques, religieuses, nos systèmes de croyance se retrouvent au cœur de notre identité. Cette enquête montre comment chacun négocie ses différences ou ses ressemblances par rapport à l’autre (le parent, l’enfant, le conjoint, l’ami). (…) En 1978, 46 % des couples ne votaient pas pareil. En 2007, ils sont seulement 27 %. (…)L’homogamie politique domine. Dans la vie de couple, on voit d’abord de la ressemblance. C’est le cas pour les trois quarts des couples. De même deux tiers des enfants se placent dans la continuité idéologique de leurs parents. La grande majorité des gens considère qu’il faut être d’accord pour s’aimer. Surtout à gauche. (…) Une réalisatrice de 60 ans évoque la seule relation qu’elle ait eue avec un homme de droite : “il était pour moi du côté de l’ennemi, du côté du pouvoir et donc de l’oppresseur, du côté de toutes les valeurs que je réfute… Cela a rendu les choses peu à peu impossibles.”»

Plusieurs études ont déjà suggéré que les positions politiques, comme les traits de personnalité impliqués dans la morale, montrent à la fois cette homogamie et cette héritabilité. C’est intéressant puisque cela suppose que la sélection sexuelle chez Homo sapiens a élargi le phénotype d’intérêt du partenaire potentiel à des traits mentaux manifestés par des opinions morales ou politiques. Que la gauche soit plus sensible que la droite à cette dimension demanderait à être vérifié sur de grands échantillons (l’enquête d’Anne Muxel est qualitative) et, surtout, à être analysé au regard de traits psychologiques non politiques ou protopolitiques. Il faudrait aussi mesurer les variations d'homogamie politico-sexuelle selon que l'on vise une relation à court ou à long terme : on peut émettre l'hypothèse que la seconde sera plus sélective que la première.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

"La grande majorité des gens considère qu’il faut être d’accord pour s’aimer. Surtout à gauche. (…) Une réalisatrice de 60 ans évoque la seule relation qu’elle ait eue avec un homme de droite : “il était pour moi du côté de l’ennemi, du côté du pouvoir et donc de l’oppresseur, du côté de toutes les valeurs que je réfute… Cela a rendu les choses peu à peu impossibles.”"

Mon interprétation est que, peut-être, les gens de gauche sont plus idéalistes que les gens de droite (modérée, je ne parle pas de l'extrême droite).

Anonyme a dit…

Euh... Ou moins tolérants, non ?