17.10.08

La fabrique des faux souvenirs

Les faux souvenirs intéressent les tribunaux, où un témoignage erroné peut coûter cher à un accusé, mais aussi les scientifiques : pourquoi et comment l’esprit fabrique-t-il de telles associations fantaisistes ? Il a été observé que les événements traumatiques, avec leur charge émotionnelle négative, favorisent ces faux souvenirs. Une équipe de chercheurs a testé ce rôle des émotions auprès de 163 étudiants brésiliens (lusitophones) et 150 étudiants américains. Les participants devaient regarder (Brésiliens) ou écouter (Nord-Américains) des listes de mots dont la valence émotionnelle variait (négatif, neutre, positif), mais dont le caractère stimulateur de l’attention (arousal) avait été contrôlé auparavant comme étant identique. Les volontaires étaient ensuite distraits cinq minutes, puis devaient identifier les mots déjà vus parmi d’autres qui ne leur avaient pas été présentés. Résultat : la fréquence des faux souvenirs a été linéairement associée à la valence émotionnelle, les négatifs en produisant plus que les neutres, et les neutres que les positifs. La signification des termes vrais ou faux paraît d’autant plus proche qu’ils représentent des émotions négatives. Du point de vue neurologique, les chercheurs font l’hypothèse que les faux souvenirs sont fabriqués dans les aires associatives (régions médiane temporale et frontopariéatale) dont l’activité suit la stimulation des aires émotives (amygdale).

Référence :
Brainerd C.J. et al., How does negative emotion cause false memories?, Psychological Science, 19, 9, 919-925, doi : 10.1111/j.1467-9280.2008.02177.x

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