11.10.08

Als ob

Dans l’Avenir d’une illusion, Freud envisage divers moyens par lesquels la religion tente d’échapper à la critique de la raison. Et notamment le « comme si » (Als ob) : «La deuxième tentative est celle de la philosophie du ‘Comme si’. Elle nous l'expose : nous admettons à figurer parmi nos processus cogitatifs toutes sortes d'hypothèses dont l'absence de fondement, voire l'absurdité, nous apparaît clairement. On les appelle fictions, mais, en vertu de nombreuses raisons pratiques, nous devons nous comporter 'comme si' nous croyions à ces fictions. Tel serait le cas des doctrines religieuses, vu leur importance sans égale pour le maintien des sociétés humaines. De tels arguments ne sont pas très éloignés du Credo quia absurdum. Mais je pense que seul un philosophe pouvait concevoir l'exigence du ‘Comme si’. L'homme dont la pensée n'est pas influencée par les tours de passe-passe de la philosophie ne pourra jamais l'admettre. Pour lui, quand on a avoué qu'une chose était absurde, contraire à la raison, tout est dit. On ne peut s'attendre à ce qu'il renonce, justement lorsqu'il s'agit de ses intérêts les plus vitaux, aux garanties qu'il réclame par ailleurs au sujet de toutes ses activités usuelles. je me souviens de l'un de mes enfants qui se distingua de très bonne heure par un sens du réel particulièrement marqué. Quand on racontait à mes enfants un conte de fées, qu'ils écoutaient avec recueillement, lui s'avançait et demandait : ‘Est-ce une histoire vraie ?’ Après qu'on lui avait dit que non, il s'éloignait d'un air méprisant. On peut s'attendre à ce que les hommes se comportent bientôt de même envers les contes de fées de la religion, en dépit de l'intercession du ‘Comme si’.»

Ces lignes me sont revenues en mémoire en écoutant les complaintes actuelles pour le retour de la confiance, en pleine crise financière. Nous savons que des créances sont pourries, des actifs surévalués, des dettes insolvables et des liquidités manquantes, mais nous devons malgré tout faire « comme si » il n’en était rien, vu l’importance de cette illusion volontaire pour le maintien de nos sociétés. La conjuration par la foi, le retour du crédit par le détour du credo. A dire vrai, il me semble que le « comme si » se répand bien au-delà de cette conjoncture de crise. Mieux nous comprenons l’homme et le ressort des relations humaines, plus nos grands récits collectifs révèlent clairement leur part de fiction, et les « tours de passe-passe » voulant nous les faire gober. Les faillites du capitalisme comme d’autres avant elles sont attribuées à des « systèmes » défectueux, manière commode de détourner les yeux sur le krach de l’humain, sur notre inclinaison de plus en plus manifeste à chercher dans l’homme, et dans l’homme seul, les causes de tels échecs – aussi sur les divergences de nos diagnostics en la matière, qui deviennent des dissensions sur l’homme même. Faire « comme si » il en allait autrement, « comme si » un système pouvait une fois pour toutes résoudre les conflits et harmoniser les intérêts, voilà qui vaut la distance méprisante d’un enfant.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Mais ce qui est le plus fou, le plus incroyable, et que je n'arrive pas à comprendre, c'est que l'au delà existe, les fantômes existent, les anges et même peut être aussi vraiment les fées. Mais cela n'empêche pas de raconter un mensonge aux enfants, une fausse histoire. Le père Noël. Ou des religions frelatées toutes plus épouvantablement violentes et folles les unes que les autres. Pour moi, le vrai mystère est là. Est-ce par connerie, par animalité, ou est-ce que ce que l'on pourrait qualifier être le mal, aveugle les hommes, les détourne de la source... Pour quelqu'un qui a des contacts avec la source divine (?), les religions sont une source (!) complète de perplexité, car la source divine, est tellement infinie, éternelle, immense qu'aucune religion ne l'englobe, absolument aucune. Et que l'on serait bien incapable de dire si cette source est bouddhiste, juive ou protestante. Est-ce que l'espace, les étoiles, l'océan, les volcans, sont bouddhistes ou juifs? La confusion des hommes, leur aveuglement est pour moi un mystère profond. J'ai eu mes premiers contacts à 19 ans, c'était si simple, si naturel, je me suis dit que j'étais vraiment dans un monde de fous. La sensation d'être au mileu d'une foule d'aveugles, de sourds, que tout est simple et que ces gens compliquent tout, se battent pour de vieux textes, pour des histoires sans importance réelle, et sans réalité. Quand j'évoque la source divine, je ne sais pas en fait si cela correspond à notre définition terrestre du mot Dieu, c'est une source d'amour pur (haute dose, haut voltage qui n'existe pas sur terre), une source consciente et intelligente, pleine de joie, et lumineuse. Mais je ne sais pas si c'est Dieu. Cela pourrait être autre chose. Le jour ou l'on découvrira cette énergie, ce voltage, tout comme on a découvert l'électricité ou d'autres sources d'énergie, cela va être un changement puissant. Mais l'antimatière, j'ai eu peu peur que ce soit, une énergie basse fréquence. Car une source noire qui avale la lumière, j'en ai déjà vu aussi, et ce n'était pas très sympathique comme énergie. Je ne dirais pas que c'est le diable, le mal, mais c'était négatif, et cela avale vraiment la lumière. C'est l'inverse de l'amour. C'est de la colère, de la violence, de la haine. Est-ce le diable ou le bon dieu qui trafficote au Cern? Je ne m'inquiète pas trop, mais je me pose la question.

Anonyme a dit…

Je voulais pas mettre mon lien web, je hais l'idée de me faire de la pub au travers des blogs. C'est venu par erreur.

Anonyme a dit…

On n'est pas forcé de voir dans les religions uniquement le fait social. La religion est aussi ce qui permet de comprendre le monde à la lumière de ce qu'est l'homme.
A ce titre, la crise n'est pas l'échec d'un système mais bien la manifestation des penchants humains que décrivent les religions depuis plusieurs siècles...