3.4.08

Hitler, Staline, Mao et autres mauvais arguments

Argument souvent entendu dans les bouches religieuses : « Regardez Hitler, Staline, Mao : ce n’est pas la religion, mais l’athéisme qui tue ». Ce qui appelle bien sûr quelques contre-arguments. Il y a d’abord un sophisme évident : X était athée, X a tué, donc les athées tuent. La conclusion générale (les athées) ne peut être déduite de la prémisse particulière (X, un athée parmi bien d’autres qui n’ont jamais tué). Ensuite, ce n’est pas parce que des régimes se disant athées ont tué que cela légitime en quoi que ce soit le meurtre pour des motivations religieuses. Et un simple regard sur le monde actuel montre que la religion continue de motiver et de justifier un grand nombre de violences entre les individus, les peuples ou les civilisations (y compris lorsque certaines démocraties, comme les États-Unis, ont une direction politique faisant ouvertement état de ses convictions religieuses et de leur importance dans la conduite des affaires du monde). Enfin, ce ne sont pas Hitler, Staline et Mao qui ont tué beaucoup de gens, mais des systèmes de croyance collective appelés nazisme et communisme. Bien qu’ils se disent formellement athées (ce qui serait à discuter dans le cas du nazisme), ces systèmes ont repris très exactement le mode de pensée monothéiste : idéologie unique détentrice de la vérité dans l’histoire, persécution de ceux qui refusent d’adhérer aux dogmes de cette idéologie, persécution de ceux que cette idéologie désigne comme ses adversaires, interdiction de procéder à la critique rationnelle des fondements de l’idéologie, etc. Ce que suggère donc l’examen de l’argument « Hitler, Staline, Mao », c’est qu’un système de croyance collective opposant structurellement ses adeptes (ceux qui détiennent la vérité) aux non-adeptes (ceux qui sont dans l’erreur) et n’incluant pas dans ses principes fondateurs la liberté critique des individus à son égard a de bonne chance de dégénérer dans la coercition et la violence. Mais cela inclut bien sûr la plupart des religions.

Illustration : Him, Maurizio Cattelan, 2001 (galerie Emmanuel Perrotin)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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En résumé, il y a des humains qui tuent d'autres humains et d'autres qui ne le font pas. Le fait d'être ou de ne pas être croyant - ou athée - ne change rien à cette réalité. Mais le fait d'appartenir à un groupe idéologique religieux ou non peut porter quiconque au meurtre, individuellement ou collectivement, par influence de l'idéologie et du groupe entier sur l'individu ou la collectivité.

Le nationalisme est également une forme de regroupement qui a fait ses preuves question meurtres. L'histoire montre que sa redoutable efficacité en ce domaine est souvent liée à une étroite mise en osmose avec le religieux ou le politique, ou les deux.

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