10.4.08

De la construction du genre chez le singe rhésus

Chaque année, au moment de Noël, la section féministe de l’association Mix-Cité fait des descentes dans les grands magasins pour mettre en garde les parents sur la nature sexuée des jouets. Voyez-vous, acheter des poupées pour sa fille et des soldats pour son fils les inscrit à tout jamais dans un genre socialement déterminé.

En décembre prochain, Mix-Cité devra aussi manifester dans les zoos.

Une équipe dirigée par le psychologue Kim Wallen (Centre Yerkes de recherche sur le primate, Atlanta) vient en effet de tester les préférences des jeunes singes rhésus, âgés de 1 à 4 ans, accompagnés d’adultes plus âgés. Dans une cage, les chercheurs ont disposé deux types de jouets, certains en acier (type voitures ou wagonnets), d’autres en peluche (type poupées). Ils ont ensuite filmé les comportements des singes, puis décomposé le temps passé avec chaque type de jouet. Résultat : les mâles ont montré une préférence pour les jouets en acier, les femelles ont joué indifféremment avec les deux catégories.

Une étude ne fait pas le printemps direz-vous (ni même le Noël féministe), et vous aurez raison. Mais le travail des primatologues de Yerkes n’est pas isolé. En 2002, Gerianne M. Alexander et Melissa Hinesa avaient abouti au même résultat chez le singe vervet (cercopithèque) : le temps passé par les mâles avec des ballons et des voitures était plus important que celui des femelles ; et inversement pour les poupées et les pots (voir aussi Alexander 2003).

La suite à venir : babouins, chimpanzés, bonobos et gorilles auront-ils besoin de Mix-Cité pour les aider à déconstruire l’assignation des rôles sociosexuels ?

Références :
Alexander G.M., M Hinesa (2002), Sex differences in response to children's toys in nonhuman primates (Cercopithecus aethiops sabaeus), Evolution and Human Behavior, 23, 6, 467-479.
Alexander, G.M. (2003), An evolutionary perspective of sex-typed toy preferences: pink, blue, and the brain, Archives of Sexual Behavior, 32, 7-17.
Hassett J.M. et al. (2008), Sex differences in rhesus monkey toy preferences parallel those of children, Hormones and Behavior, online pub., doi:10.1016/j.yhbeh.2008.03.008

Illustration : extrait de vidéo New Scientist. On peut la consulter ici.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

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C'est la Simone qui va se retourner dans sa tombe avec son deuxième sexe et sa queue de castor ...

Cela dit, pour tenter d'être objectif, si l'expérience en question montre une différence dans le type de jouet choisi par les animaux en fonction de leur sexe, il est évident que le choix observé est d'une part qualitatif et d'autre part quantitatif.

Si les mâles choisissent UN seul type de jouets ("de mâle"), les femelles choisissent DEUX types de jouet ("de mâle" et "de femelle").

Cela donne que si on reporte le résultat de cette expérience sur l'humain, on constate une corrélation entre ce résultat et le type de profession choisi par l'humain.

L'homme choisit toujours une profession "d'homme" tandis que la femme choisit soit une profession "de femme" soit une profession "d'homme", dans le cas où ce choix lui est proposé, évidemment ...

Pendant la deuxième guerre mondiale, l'armée de l'air américaine a interdit tout accès à la formation de pilote de guerre aux femmes, mais pas l'armée de l'air Russe, dont les escadrilles ont été dotées d'un nombre impressionant de femmes pilotes de chasse ayant réussi à abattre en vol un nombre tout aussi impressionant d'avions allemands.

Entretemps, les armées de l'air de la plupart des pays riches ont ouvert leurs portes aux femmes pour les former aux missions de chasse et de bombardement en vol. Chez les américains, par exemple, le nombre de femmes pilotes de F-18, F-16, F-15, F-14 et A-10 atteint aujourd'hui la centaine. L'une d'elle est colonel depuis une dizaine d'années.

Petit détail, mon brevet de pilote d'avion m'a été accordé par une femme ...

Il est vrai par ailleurs que personne n'a constaté que les hommes se précipitaient tant que ça pour occuper des postes "d'homme de chambre" ou "d'homme au foyer".

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Anonyme a dit…

"L'homme choisit toujours une profession "d'homme" tandis que la femme choisit soit une profession "de femme" soit une profession "d'homme", dans le cas où ce choix lui est proposé, évidemment ..."

Cela ne veut-il pas dire qu'il n'existe pas de profession d'homme à proprement parler, tandis qu'il existe des professions de femmes?

On ne voudrait pas en déduire que l'éventail des facultés masculines est plus étroit que celui du sexe féminin mais, bon...

Anonyme a dit…

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À vrai dire, je ne saurais répondre à une telle question qu'en plaçant les termes "d'homme" et "de femme" entre guillements ...

En attendant, je constate que si l'on considère le métier de chef de guerre comme quelque chose de très masculin, dès qu'on place une femme à la tête de l'Angleterre et de ses armées, elle est capable de foutre une telle raclée au machos d'Argentine qu'ils ne s'en sont pas encore relevés. Dès qu'on place une femme à la tête de l'Inde et de ses armées, les machos du Pakistan prennet une telle dérouillée qu'ils s'en souviennent encore. Dès qu'on place une femme à la tête d'Israël et de ses armées, les pays voisins, dirigés par les plus machos parmi les plus machos du monde, se font ratiboiser leurs armées pour des années.

Dès qu'on confie le volant d'une voiture de course à une femme, la voilà qui ne se place pas si mal que ça en Formule Un ou sur le circuit d'Indianapolis.

Dès qu'on donne des gants de boxe à deux femmes, les voilà prêtes à se casser la gueule devant des millions de télespectateurs dans les règles de l'art du machisme le plus parfait pour toucher les trois ronds qui leur permettront de payer le biberon du gosse qui les attend à la maison.

Pareil avec la bicyclette, les altères, le judogi, la carabine, le disque, le javelot, le poids, le maillot de bain, la trampoline, le ballon, la balle (de golf, de tennis, de hand ball, de basket, de base-ball, de ping-pong, de volley-ball, etc.), etc.

Mais si l'on propose à Monsieur de faire le ménage à la maison pendant que Madame se tape le turbin au bureau, là, Monsieur n'est pas très chaud. Il y en a, bien sûr, des hommes contents de s'occuper de la maison et des gosses pendant que maman est à la chasse pour ramenier le beefsteack, mais reconnaissons qu'il n'y en a pas beaucoup-beaucoup.

Il existe par ailleurs dans le sport un domaine professionnel où cette différenciation règne sans équivoque. C'est celui de la poutre, qui est exclusivement réservée aux femmes. Un homme qui voudrait se lancer dans cette discipline devrait impérativement changer de sexe ou se faire ôter chirurgicalement le service trois pièces pour pouvoir survivre à l'éxécution de certaines figures. Or, un homme qui a changé de sexe, c'est une femme, et un homme dépourvu de ses attibuts sexuels, ce n'est pas un homme. Cependant l'idée est reçue et pas innée. Attendons en conséquence qu'un homme se fasse un jour opérer du système comme il se doit pour pouvoir obtenir à la poutre la note parfaite de 10 qui pourrait le propulser vers les sommets les plus élevés de la gloire féminine.

Dela dit, l'expérience des jouets et des singes est remarquable. Notons simplement qu'elle semble assez bien souligner un comportement similaire sur le plan statistique chez l'humain.

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