Fétichisme de la marchandise, règne de la marque, culte du logo… tout cela est supposé caractéristique du capitalisme moderne, ou de ses évolutions les plus récentes. L’archéologue David Wengrow vient de suggérer que ces pratiques ont une histoire ancienne, et même une préhistoire. Le chercheur a examiné le marquage des biens de consommation associés à la révolution urbaine du IVe millénaire avant notre ère, dans les premières grandes cités de Mésopotamie. Il observe que le système des sceaux, servant d’abord à personnaliser des amulettes, a été utilisé pour identifier des biens manufacturés en grande quantité, sans doute pour certifier leur provenance, leur propriété ou leur mode de fabrication. C’est le cas par exemple pour les amphores et bouchons d’amphores de vin ou d’huile. Tout serait une question d’échelle : lorsque des dizaines de milliers d’individus se rassemblent dans les villes, et que leur travail se trouve du même coup séparé et spécialisé, la marque deviendrait un moyen de sécurisation ou de distinction pour les biens circulant dans les marchés. Sans commune mesure avec l’importance de la marque dans le capitalisme actuel ? Sans doute. Mais les cités mésopotamiennes et leurs marchés locaux concernaient quelques dizaines de milliers de personnes tout au plus, alors que notre humanité et son marché global se chiffrent en milliards. La profondeur historique comme les ordres de grandeur permettent toujours de pondérer les jugements…
Référence :
Wengrow, D. (2008), Prehistories of commodity branding, Current Anthropology, 49, 1, DOI: 10.1086/523676.
26.4.08
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