Je me fais un devoir de commenter ici mes lectures, mais comme pour Jean Clair jadis, je n’ai pas grand chose à dire de L’homme compassionnel de Myriam Revault d’Allonnes. L’essai, ressemblant à une honnête dissertation de classes préparatoires, nous rappelle ce que l’on savait déjà depuis Rousseau, Tocqueville ou Arendt, à savoir que l’homme moderne, placé en égalisation des conditions symboliques, est sujet à la compassion comme à l’envie, c’est-à-dire qu’il se dit « je pourrais être à sa place », tantôt avec rancœur et aigreur en voyant celui qui a réussi, tantôt avec douleur et douceur en voyant celui qui a échoué. Les démocraties modernes ont pris, au moins en Europe, un tour compassionnel marqué à mesure que les médias de masse s’imposaient dans la fabrique des représentations collectives et que ce registre compatissant leur assurait un bon succès d’audience (voire une bonne conscience historique pour les journalistes les plus engagés, repentis des lendemains qui chantent). De l’abbé Pierre aux Enfants de Don Quichotte, certains savent en jouer mieux que d’autres ; et les politiques se placent à la remorque des indignations médiatiquement assistées, prenant des décisions dans l’urgence sur des sujets repassant aussi rapidement dans l’ombre qu’ils sont venus prestement à la lumière, sans changer le fait que le système dominant produit des exclus matériels ou symboliques. Je crois avoir tout dit. Le livre coûte 10 euros, que j’aurais certainement dû donner à un mendiant.
Référence :
Revault d’Allonnes M. (2008), L’homme compassionnel, Seuil, 106 p.
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