15.4.08

7 secondes d’inconscience… Le libre-arbitre au scanner

John-Dylan Haynes et ses collègues ont examiné en imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) le cerveau de 14 volontaires prenant une décision simple (appuyer sur un bouton situé à gauche ou à droite). Les volontaires devaient signaler le moment où leur décision était faite, pendant que le scan examinait en détail la signature cérébrale de chaque processus de décision. Par la suite, les examinateurs ont été capables de prédire (grossièrement, 60% de réussite au lieu de 50% dus au seul hasard) le choix que ferait les volontaires sept secondes avant leur décision consciente. Ce qui suggère que l’essentiel de la formation d’un choix conscient se situe hors du domaine de la conscience. Dans les années 1980 et 1990, les travaux de Benjamin Libet avait déjà montré que plusieurs dixièmes de secondes séparent la perception cérébrale et la perception consciente d’un état cognitif ou sensitif. L’amélioration des moyens d’observation du cerveau depuis cette date semble donc considérablement élargir le délai.

Faut-il y voir une remise en cause du libre-arbitre ? Pas forcément, du moins pas la plus significative (il y a bien d’autres travaux sur les biais cognitifs non conscients affectant nos jugements). D’abord, il faudrait des analyses plus complètes et plus détaillées - on n’est pas très loin ici du pile ou face en terme d’efficacité prédictive -, par exemple analyser des cas où le sujet change consciemment de décision au dernier moment. Mais surtout, seule une vision naïve du libre-arbitre en fait une instance séparée des processus cérébraux, capable à tout moment de les modifier dans tel ou tel sens. Si le libre-arbitre existe, ce qui reste bien sûr à démontrer, cela concerne plutôt ce qui se passe après avoir appuyé sur le bouton, c’est-à-dire la manière dont un individu modifie progressivement ses choix futurs en fonction de ses choix passés.

Référence :
Soon C.S. et al. (2008), Unconscious determinants of free decisions in the human brain, Nature Neuroscience, online pub., doi:10.1038/nn.2112.

Illustration : ibid.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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Se pose alors la question de l'éthique rattachée à la responsabilité des actes.

Si l'individu X n'a pas de libre arbitre, il est entièrement déterminé, et s'il commet un meurtre, il ne peut pas être tenu responsable de ce crime.

Il ne devrait donc être condamné en aucun cas.

Mais si l'individu Y n'a pas de libre arbitre non plus, il est entièrement déterminé lui aussi, et il est tout aussi irresponsable qu'X.

Dans la cours de justice,

l'individu X, c'est l'Assassin,

et l'individu Y, c'est le Juge.

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