Quand un chercheur étudie les nuages, il le fait en connaissant les lois physiques générales expliquant l’existence des nuages comme du reste (conservation de l’énergie, de la quantité de mouvement, du moment angulaire, etc.) et en développant une physique particulière adaptée à la nébulosité (convection, condensation, nucléation, etc.). Il s’assure bien sûr de la cohérence et de l’intégration de l’ensemble, c’est-à-dire qu’il n’invente pas gratuitement des lois physiques ou chimiques incompatibles avec le reste du corpus scientifique. Et il cherche toujours les explications les plus simples, c’est-à-dire la modélisation du plus grand nombre d’effets par le plus petit nombre de causes.
Quand il s’agit d’étudier les hommes, on ne procède pas ainsi. Des tas d’intellectuels, experts, philosophes ou autres spécialistes en "-logues" énoncent des généralités sur tel ou tel phénomène humain – la société, l’esprit, le langage, l’intelligence, la violence, ce que vous voulez – sans rien connaître de ce que disent éventuellement les sciences de l’évolution et du développement sur ce phénomène, en posant donc qu’ils n’ont pas à faire l’effort de s’intégrer dans une vision d’ensemble cohérente dont chaque domaine spécialisé est compatible avec les autres, en présumant que la biologie et la psychologie sont finalement indifférentes aux faits sociaux, moraux, politiques ou autres. Ce schisme entre science de la nature et science de la culture date du XIXe siècle. Il a prospéré au XXe siècle. Mais il ne survivra pas au XXIe siècle.
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