12.4.08

Darwin au salon : trois moyens de plaire en société

Séduire les autres, c’est agréable et cela peut toujours être utile. Voici quelques moyens efficaces issus de la psychologie évolutionniste.

Méthode 1 : le catastrophisme préventif. Nos ancêtres vivaient dans un environnement dangereux (nous aussi parfois) et ils avaient tout intérêt à prêter garde aux informations relatives à des menaces. Il en résulte que notre cerveau est câblé pour accorder une valeur particulière aux mauvaises nouvelles – d’ailleurs, on ne voit qu’elles dans les médias. Donc, n’hésitez pas : parlez du réchauffement climatique, des virus émergents, des pollutions invisibles, de la couche d’ozone, du terrorisme bactériologique, des armes secrètes d’un ennemi des Etats-Unis… même si vous n’y connaissez rien.

Méthode 2 : l’altruisme hyperbolique. On sait que l’homme est une espèce sociale, capable d’égoïsme mais aussi d’altruisme, allant jusqu’au sacrifice. Plusieurs hypothèses tentent d’expliquer cela, l’une d’elles suggérant que les individus très altruistes sont des partenaires sexuels intéressants : pour être altruiste, il faut en avoir les moyens (matériels ou psychologiques), ce qui indique un bon parti. Quoi qu’il en soit, libérez-vous : même si en l’occurrence vous n’en avez pas les moyens (ni même l’envie), clamez que vous voulez sauver l’Afrique de la famine, arracher les pauvres de la misère, sortir les vieux de la solitude, soigner les malades incurables, empêcher les tsunamis et les tremblements de terre.

Méthode 3 : le biophilie universelle. L’histoire nous a rassemblés dans les villes, mais presque toute notre évolution s’est faite dans la nature. Les humains en ont conservé un attrait pour la vie naturelle, une préférence pour tout environnement (ville ou intérieur) présentant au moins quelques éléments vivants (des plantes, des animaux domestiques), une sensibilité aux animaux, au moins ceux qui ne sont pas trop éloignés de notre rameau évolutif (mammifères). On a appelé cet instinct la biophilie. Sautez sur l’occasion : parlez avec tendresse (mais pas trop) de votre chien ou de votre chat, évoquez le bon temps où l’on vivait en harmonie avec notre environnement, montrez votre détresse face aux espèces en péril, parlez les yeux au ciel de vos randonnées en pleine nature ou de votre maison à la campagne.

Avec ces trois premières méthodes (il y en a d’autres), vous pouvez bien sûr obtenir des combinaisons optimales. Par exemple, faire une longue tirade sur le réchauffement climatique menaçant les espèces fragiles et les pays en développement vous garantit le jackpot. Pensez cependant à ne pas trop vous emporter (la gentillesse est très appréciée) et à rester spirituel (l'intelligence est très recherchée). Certes, les penchants de l’esprit humain produisent parfois des idées reçues, et aussi des croyances idiotes. Mais qu’importe après tout, vive le lien social !

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