10.6.08

Hymen (suite) et libre-disposition de soi

Nous avons déjà parlé ici de l’annulation récente d’un mariage pour cause de mensonge sur une qualité essentielle au consentement (la virginité de la femme). Cette annulation a donné lieu à un déluge de commentaires tous plus idiots les uns que les autres, la pression de l’opinion ayant conduit la ministre de la Justice à requérir un appel de la décision en première instance, contre sa propre conviction initiale.

Si les commentaires sont idiots, c’est qu’ils tombent tous à côté de la plaque : le jugement reconnaît en fait qu’une personne est la mieux placée pour déterminer une qualité essentielle à son consentement dans un contrat, ce qui est du point de vue juridique une avancée de l’individualisme et du pluralisme. Chacun a le droit de déterminer des qualités essentielles à sa volonté de se marier et, le cas échéant, de voir reconnaître ce choix individuel comme valable. Ceux qui stigmatisent le sectarisme du mari pour avoir fait de la virginité un élément décisif de son mariage sont en réalité aussi sectaires que lui : ils ne supportent pas l'idée que des individus fassent des évaluations différentes des leurs. Si la liberté et la tolérance s'effondrent dès qu'elles rencontrent des attitudes ou des idées que l'on trouve choquantes, ce n'est même pas la peine de les invoquer.

Parmi les commentaires, le tout récent de Gisèle Halimi dans Le Monde ne brille pas par sa précision. Entre cent effets rhétoriques, elle tente d’opposer à la décision de justice des principes généraux de notre droit, écrivant notamment :

« En vérité, ce jugement fait bien de la virginité la cause de la nullité. À l’évidence, il porte atteinte à ce qui fonde notre justice. Et gomme, du même coup, la liberté d'une femme, égale à celle d'un homme, de disposer d'elle-même ! »

Eh bien non, justement, la libre-disposition de son corps n’est pas reconnue comme fondement de notre justice, elle ne figure même pas dans les diverses déclarations des droits de l’homme. Si ce faux scandale de la défloration réprouvée peut servir à quelque chose, c’est bien cela : faire prendre conscience qu’au-delà des maris jaloux, possessifs ou obsédés de pureté, tout le droit moderne forme un déni du corps humain, dont il se refuse à admettre que chaque individu en est propriétaire dès sa naissance et maître tout au long de sa vie, libre donc d’en faire tout ce qu’il veut quel que soit l’avis des morales ou des religions à ce sujet.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Dire que tous les commentaires sont idiots n'est pass aussi vrai qu'on pouvait le croire.
A mon humble avis, dès l'instant où une femme a affirmé sa virginité à son futur mari, et que celui-ci prend celle-ci comme un élément décisif pour son mariage, il en a le droit d'y mettre fin au cas où il a été dupé.
Ingénieur Bienfait NSHOMBO