18.12.08

Symptôme d'une inadaptation

On devrait toujours chercher à contredire ses opinions, à falsifier ses certitudes. Mais notre cerveau semble suivre une pente inverse, il tient spontanément pour vraies ses propres pensées. Le phénomène est caricatural chez des personnes butées, fermées au doute et à la critique, arc-boutées sur des croyances ayant le statut de Vérité intouchable. Cependant, il n’épargne pas non plus les esprits réputés libres de philosophie ou de la science, où l’on voit toujours survivre un certain temps les hypothèses et les théories contredites par les observations. D’où l’intérêt d’une extension permanente du débat sous forme de falsifications réciproques des opinions, afin de compenser notre paresse cérébrale à douter, notre confort intellectuel à croire. Hélas, cette lutte perpétuelle pour la survie des idées les plus solides n’est pas agréable du tout pour beaucoup, elle provoque souvent peur ou douleur, désarroi ou colère – et ce désagrément indique que l’évolution n’a pas fait tout son travail sur notre jeune organe pensant, elle qui joint habituellement l’agréable à l’utile.

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