Comme son nom l'indique, le slug painting consiste à utiliser des limaces pour composer une toile. On peut d’ailleurs traduire slug painting par peinture à la limace. Mais l’anglais est tellement plus sexy, n’est-ce pas ?
L'idée du slug painting m'est venue lors d'un printemps particulièrement pluvieux, c’était vers avril 2007. Je vivais alors à la campagne, dans un château, plus précisément l’aile d’un château que je louais avec mon amie. Les propriétaires n’étaient pas souvent là, nous étions en quelque sorte pleinement châtelains la plupart du temps. Le mot « campagne » est ici à prendre au sens propre. Le château était assez isolé, à quelques centaines de mètres d’un hameau dépeuplé. Le hameau était assez isolé, à plusieurs kilomètres d’un village de mille habitants. Le village était assez isolé, à une dizaine de kilomètres d’une sous-préfecture. Bien que le lieu soit situé non loin de Paris (deux heures en voiture, moins d’une heure en TGV), il était parfaitement rural. Ce n’était pas une zone pavillonnaire construite à la périphérie de la grande couronne, où les bobos rebaptisés rurbains découvrent avec joie que l’on peut respirer autre chose que des pots d’échappement de voiture ou des miasmes de métro bondé. Non, c’était une vraie campagne, sans lumière aucune le soir venu, une campagne pleine de bêtes étranges et vide d’humains communs, une campagne respirant la vie au printemps et la mort en hiver. Comme le château était entouré d’une immense propriété privée, le paysan n’épandait ses insecticides, l’urbain ne promenait pas sa famille, l’animal régnait tranquillement.
Parmi ces animaux de périphérie à défaut d’être de compagnie, donc, les limaces. En cet avril 2007, les conditions climatiques avaient été favorables aux mollusques terrestres. On sortait d’une longue série de mois bien plus chauds que la normale, avec un hiver très doux. Le printemps suivait la pente, et les précipitations étaient de surcroît extrêmement soutenues. Les nappes phréatiques dégorgeaient dans les champs, les rus débordaient, les rivières charriaient une boue dense. Quant aux limaces, elles pullulaient littéralement dans les champs et les bois entourant le château. Avec elles les escargots, bien sûr. Pulluler semble un mot excessif mais, pour donner une idée du phénomène, j’entendais dix fois craquer les coquilles lorsque je faisais dix pas sur la terrasse en pleine nuit. Et au petit matin, il n’était pas rare de compter une vingtaine de limaces sur la même terrasse. Inutile de dire que les prés de quelques hectares autour du château, et plus encore les bois au-delà, subissaient une véritable invasion.
Contemplant les traînées irisées sur les pierres, les herbes et les mousses, je me demandais ce que le gastéropode produirait sur une toile. Ma préférence alla naturellement à la limace, plus abondante que l’escargot, plus aisée à repérer, car l’espèce prolifique était la forme rouge (typique) d’Arion rufus, de la famille des Arionidae. Dans une prochaine note, je donnerai quelques informations précises sur cette espèce qui se révéla un auxiliaire si précieux de mon art. Et dans une suivante, sur les raisons qui justifiaient à mes yeux son usage comme médium d’un genre nouveau.
Références :
Quelques toiles chez Saachti online.
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