27.2.08
Liberté surveillée
On me certifie que la liberté règne. Mais je n’ai jamais entendu autant d’injonctions à se comporter et à penser de telle ou telle manière, provenant des entreprises, des médias, des lobbies, des Etats, de tous les pouvoirs en place. Après le proclamation formelle des libertés individuelles, le grand jeu social consiste à les surveiller, les contrôler, les limiter, les encadrer, les compliquer — bref, vider peu à peu ces libertés de leur substance, décourager peu à peu les esprits d’en faire usage. Qu’il s’agisse de renforcer la sécurité, de préserver l’environnement, de promouvoir la socialité, de diminuer les inégalités, d’améliorer la santé, de restaurer la morale, de respecter la mémoire, de responsabiliser l’employé, d’éduquer le citoyen, chacun a une bonne raison, parfois plusieurs, de brider la liberté d’action et d’expression des individus. Et bien souvent, ces innombrables pulsions de contrôle se transforment en un fatras de lois, règlements, directives, décrets. Quand ceux-là mêmes qui participent assidûment au processus m’affirment parfois, avec le visage sérieux, la voix grave et l’œil sévère, que nous vivons dans une société « ultralibérale » au bord de « l’anomie », le décalage entre les mots et la réalité devient grotesque — ou inquiétant. Non, décidément, je ne pense pas qu’Homo sapiens dans sa version actuelle est mûr pour la liberté. Son passé de primate social pèse encore bien trop lourd.
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