28.12.08

On ira toutes au paradigme

Dans Libération, Belinda Cannone écrit à propos de Simone de Beauvoir et de la parution du Deuxième Sexe (1949) : «Il y a deux façons de faire progresser le savoir. L’une est cumulative : elle agit par enrichissements des données qui permettent de nouvelles synthèses. L’autre procède par changements de paradigme - par bonds intellectuels. Affirmer ‘On ne naît pas femme, on le devient’ relève de ce deuxième mode. Une fois le paradigme déplacé, quelque chose est définitivement modifié dans la pensée. Mais il faut ensuite que ce nouveau savoir se transmette aux comportements et aux mœurs.»

Mais que se passe-t-il quand le paradigme est contredit par l’accumulation des données ? Soit on continue de le répéter, sortant du domaine du savoir (si l’on y est jamais entré) pour entrer dans le domaine du dogme. Soit on abandonne ou révise son paradigme, pour entrer dans une pensée légèrement plus complexe, d’où il ressort par exemple que le sexe n’a pas attendu Simone pour émerger dans l’évolution, que le genre résulte de déterminants biologiques autant que sociaux, que les trajectoires individuelles sont irréductibles aux généralisations sur l’espèce (ou la demi-espèce mâle ou femelle) y compris du point de vue de la biologie, etc. Mais quand on prononce le mot «biologie», la plupart des femmes savantes sortent un bazooka de leur utérus. Alors je renonce à discuter plus avant les Cannoneries.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je suis une femme et tout à fait d'accord avec votre billet. Je hais le dogmatisme par dessus tout.

(PS: Je suis de formation scientifique mais ne me considère pas comme un animal savant, encore moins si c'est pour évoluer dans un cirque).