12.9.08

Sur le "consensus éthique fondamental"

Dans son discours aux autorités de l'Etat, Benoît XVI a salué le gadget sarkozyste de "laïcité positive" en ces termes : «Vous avez d'ailleurs utilisé, Monsieur le Président, la belle expression de "laïcité positive" pour qualifier cette compréhension plus ouverte. En ce moment historique où les cultures s'entrecroisent de plus en plus, je suis profondément convaincu qu'une nouvelle réflexion sur le vrai sens et sur l'importance de la laïcité est devenue nécessaire. Il est en effet fondamental, d'une part, d'insister sur la distinction entre le politique et le religieux, afin de garantir aussi bien la liberté religieuse des citoyens que la responsabilité de l'État envers eux, et d'autre part, de prendre une conscience plus claire de la fonction irremplaçable de la religion pour la formation des consciences et de la contribution qu'elle peut apporter, avec d'autres instances, à la création d'un consensus éthique fondamental dans la société.»

Sur ce dernier point, je ne vois pas tellement pourquoi une société moderne devrait développer un consensus éthique fondamental, ni en quoi la religion pourrait y contribuer. Le seul consensus ayant émergé des pratiques politiques récentes, c'est celui des droits de l'homme comme morale minimale, formellement supra-étatiques (quoique concrètement garantis par l'Etat et lui seul). Et encore tout le monde ne s'entend pas sur ce qu'il faut mettre dans ces droits de l'homme. Mais dès que l'on sort de cette liberté négative de l'individu, négative au sens de garantie contre l'oppression des pouvoirs, il n'y a guère de consensus éthique. Et pourquoi y en aurait-il un ? L'idée que les hommes doivent développer la même morale n'a aucun fondement empirique (les morales ont toujours divergé selon les temps et les lieux) ni rationnel (la morale n'est pas la logique, elle relève en dernier ressort d'une valorisation et les hommes ne développent pas les mêmes hiérarchies de valeurs, donc les mêmes discours sur le devoir-être).

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