14.2.08

Notes pour servir l’histoire du slug painting (2)

La limace fait partie de ces animaux pour lesquels l’homme éprouve assez couramment des velléités génocidaires. C’est peut-être ce qui me l’a rendue sympathique. Quelques mots de présentation de cet animal finalement peu connu sont ici nécessaires, la malacologie (étude des mollusques) n’étant pas la discipline la plus populaire au monde.

Les limaces appartiennent au phylum des Mollusques, qui rassemble 80 000 espèces (le second en importance numérique après les Arthropodes), et à la classe des Gastéropodes. La plupart des mollusques sont marins : limaces et escargots en représentent une évolution tardive ayant colonisé le milieu terrestre. Les limaces se répartissent en plusieurs familles – Arionidae, Limacidae, Milacidae, Testacellidae, etc. — soit dépourvues de coquilles externes, soit pourvues d’une coquille de taille très restreinte par rapport à leurs cousins escargots. Animaux hermaphrodites, les limaces peuvent vivre une dizaine d’années. Leur corps mou est enduit d’un épais mucus, qui leur donne cette humidité caractéristique et qui laisse des traînées identifiables sur leur passage. Le principal ennemi de la limace est la dessication : adaptées à la terre, elles ne sont pas à la sécheresse ni d’ailleurs au froid. Elles peuvent s’enterrer de plus d’un mètre dans le sol des champs ou des bois. Elles sortent surtout le soir, lorsque l’humidité se condense au sol, et bien sûr les jours de forte pluie.

L’espèce qui proliférait en ce printemps 2007 aux alentours de mon château est Arion rufus, version orangée d’Arion ater – (rufus signifiant roux en latin, ater noir, les deux espèces ont été baptisées en 1758 par Linné, et certains malacologues les considèrent comme deux sous-espèces en raison de la parfaite similitude de leur morphologie, couleur exceptée). Les deux formes co-existaient d’ailleurs, mais A rufus dominait largement, avec 95 % des collectes. Il faut dire que sa couleur vive, allant de l’orangé clair au rouge brique, tranche sur le tapis vert sombre ou marron des sous-bois, alors qu’A ater est mieux dissimulée. Arion rufus figure parmi les plus grosses espèces de limaces, avec une longueur pouvant atteindre 10 à 15 cm chez l’adulte.

Outre sa taille estimable lui permettant d’être recouverte d’une bonne dose de peinture, Arion rufus a pour avantage d’avoir un mucus teinté d’un joli pigment orangé et endogène, qui ajoute sa touche aux compositions, surtout lorsque le blanc est privilégié comme couleur dominante. Mais ce pigment suffit aussi bien à transformer localement un bleu clair en vert. A rufus semble le sécréter en d’autant plus grande quantité qu’elle est immobile et rétractée, position adoptée par les limaces lorsqu’elles sont irritées ou stressées.

Références : Kerney M.P., R.A.D. Cameron (2006), Guide des escargots et limaces d’Europe, Paris, Delachaux et Nietslé.

Quelques toiles de slug painting chez Saachti online.

2 commentaires:

Mérovée a dit…

faudra-t-il payer des droits d'auteur à vous, ou aux sympathiques créatures ?
(en tout cas, j'aime beaucoup, et j'aime surtout les coackroaches) Vous connaissez le travail de Jan Fabre ?

C. a dit…

Oui, Jan Fabre fait de très belles choses et c'est un entomologiste amateur tout à fait éclairé.

Pour les droits, je rends leur liberté aux limaces après leur exercice, car elles y survivent sans problème avec de la gouache ou de l'acrylique. Pour les blattes, ce sera plus compliqué car elles succombent à certaines créations dont elles sont parties intégrantes. Mais je verserai dans ce cas une partie de mes ventes au Fonds mondial pour la nature, obole propitiatoire pour mon irrespect de Gaïa...