5.11.08

Sang de cordon : vers des banques privées?

A l’avant-garde de la morale et de la réglementation, mais pas de la performance, la France est l’un des rares pays qui interdisent encore les banques privées de cellules souches issues de cordon ombilical. Résultat : une pénurie chronique de ces cellules multipotentes, utilisées notamment dans le traitement des maladies hématopoïétiques comme la leucémie. 64% des greffons utilisés sont importés, pour un coût moyen de 18.000 euros à chaque fois. Marie-Thérèse Hermange vient de remettre au Sénat un rapport et dix propositions, dont l’une prévoit timidement de «permettre, à titre expérimental, l’implantation de banques privées respectant les principes de solidarité liés aux greffes de sang de cordon, ainsi que le développement d’une activité privée par les banques publiques afin de consolider leur financement».

Il est toujours stupéfiant d’observer combien des choses relativement simples – que des parents disposent comme ils l’entendent du sang de cordon ombilical de leur nouveau-né, que la population soit informée de son intérêt thérapeutique actuel ou potentiel, que les collections biologiques publiques soient étendues – deviennent graves et compliquées dans notre pays. Je sais bien que la bio-éthique a pour raison d’être ce genre de complications inutiles où l’on débat la mine sombre et le sourcil levé du statut de chaque produit du corps, au prix d’arguties subtiles remplissant les volumes de réflexion des nouveaux théologiens de la vie. Mais je continue d’espérer que la raison finira par révéler la vacuité de ces détours et l’iniquité des interdits publics.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

L'interdit est justifié pour des raisons scientifiques. Les banques de sang de cordon privées ont accumulé des millions d'échantillons pour quelques dizaines de greffes autologues réellement effectuées. Les banques publiques sont nécessaires pour les allogreffes, qui sont largement plus efficaces. Mais bien entendu, au vu du dogme public = mal, privé = bien, la science ne compte plus...

C. a dit…

La science ne "justifie" aucun interdit – au mieux, elle explique pourquoi telle ou telle pratique est utile ou inutile. Si des gens ont envie de congeler le sang de cordon de leur enfant, je ne vois pas le problème de santé publique (ni le problème scientifique) que cela pose. Il est douteux que cela soit très utile, mais on est encore bien loin de comprendre et de maîtriser l'autorenouvellement et la différenciation des CS, donc on verra bien dans 10 ou 20 ans. D'ici là, les positions d'interdit sont à mon sens "dogmatiques" (le dogme que vous indiquez... et son opposé, dont il faudrait une sacrée mauvaise foi pour prétendre qu'il n'est pas aussi répandu).

Sinon, je ne saisis pas bien pourquoi une allogreffe serait plus efficace qu'une autogreffe sur le plan immunitaire (en cas de maladie d'origine génétique, c'est évident qu'une autogreffe n'apporte aucun bénéfice et qu'une allogreffe intra- ou extrafamiliale est indiquée).

Anonyme a dit…

Je ne pense pas non plus qu'il faille rester dans aucun dogme qui soit. Le problème me semble plutôt circonstanciel.

En ces jours, on a plus de chances de trouver une application pour des cordons de banque publique, dans le cadre d'une allogreffe. Les allogreffes sauvent des vies, mais ce n'est pas la panacée; il y a des reactions immunitaires dans le sens hôte-greffon (rejet de greffon) et greffon-hôte (maladie du greffon contre l'hôte qui peuvent être mortelles).

Les autogreffes ont moins ce problème; elles sont une option très intéressante si on peut manipuler le greffon pour corriger la maladie génétique ex-vivo et ensuite réinjecter les cellules autologues au patient. D'autres indications sont en train d'être testées, elles seront peut-être validées dans le futur pour être utilisées en routine.
Mais au jour d'aujourd'hui, ce cas de figure demeure très rare, beaucoup plus rare que les cas où une allogreffe de donneur anonyme pourrait bénéficier à un autre patient.

Ce qui me paraît problématique, c'est le discours que peuvent tenir les banques privées, en voulant convaincre les parents que la science est assez avancée pour que l'argent qu'ils placeraient chez eux soit assez "rentable" (je ne sais pas trop comment l'exprimer).
Je vois plutôt ce débat comme le débat des impôts : ceux qui veulent garder leurs sous pour leur propre bénéfice, et ceux qui acceptent de cotiser pour le bénéfice général, en sachant qu'à un moment donné de leur vie il se pourrait qu'ils en bénéficient eux-même.

Une fois de plus, la question éthique se posera peut-être différemment dans le futur en fonction des avancées technologiques et médicales.

Anonyme a dit…

Pas d'interdit dogmatique, mais un essai de "fabriquer" une politique d'utilisation des fonds publics au profit du plus grand nombre, et, ce, de la façon la plus rationelle possible.
Les problèmes scientifiques posés par le congélation des sdc autologues telle que montrée sur France 2, c'est la viabilité des cellules et leur potentiel après x heures de transport.

Un essai d'information honnête (par rapport à la publicité des banques privées de sang de cordon) sur : http://www.facebook.com/group.php?gid=48752069306.